Presse nationale 2006

4.000 pour fêter la doyenne

Jogging International n°265 - Novembre 2006 - S.D.
 

Le temps gris n'a pas entamé la bonne humeur des coureurs et du public venus en nombre exceptionnel pour fêter le 100ème anniversaire de la doyenne française des ville à ville.

 
Il était une fois, 60 coureurs et 200 cyclistes qui s'élançaient entre Sedan et Charleville. C'était en 1906. À cette époque, la course à pied était encore une histoire de passionnés se lançant des challenges dans la plus parfaite intimité.
Aventure d'un jour ? Pas vraiment, puisqu'en ce 1er octobre 2006, les organisateurs fêtaient le 100ème anniversaire de leur épreuve. L'Histoire de France et du monde se mêlant évidemment à l'histoire de la course, il faudra encore attendre quelques années pour fêter la centième édition (il n'y eut pas de course durant les deux guerres mondiales).
N'empêche, Sedan-Charleville est bien la plus ancienne des courses ville à ville de France, et l'on tenait à fêter dignement cette centenaire.
 
Les organisateurs avaient gonflé le budget des animations avec des orchestres œuvrant sur le parcours et organisé un relais fort sympathique.
100 femmes débutantes, n'ayant jamais pris de dossard et ayant pris leur première licence fédérale, parcouraient les 24,3 km séparant Sedan de Charleville-Mézières en relais. Soit des équipes de quatre s'élançant pour 6 km et des poussières... chacune. Dans la bonne humeur et un plaisir se lisant sur les visages, elles ont ainsi découvert la vie dans les pelotons, sur une course vraiment pas comme les autres. Pour celles et ceux qui ne connaissaient pas, cette épreuve fut l'occasion d'apprécier à sa juste valeur la chaleur des Ardennais.
Malgré le temps incertain et même des averses durant la première demi-heure de course, ils étaient des milliers sur le bord des routes, dans chaque village, dans les parties plus difficiles, devant chaque maison. Jeunes et moins jeunes donnaient de la voix et se massaient au plus près de la route pour encourager les plus de 4.000 inscrits s'exprimant sur un parcours difficile.
Des cyclistes se mêlaient, comme le veut la tradition de Sedan-Charleville, aux coureurs à pied. Des cyclos enthousiastes qui formaient parfois sur le bas-côté de véritables haies d'honneur. Le vélo dans une main, ils étaient tous prêts à enfourcher leur « bécane » pour suivre un membre de leur famille ou un ami en difficulté. Car ici, les côtes et faux plats montants se succèdent. Souffle court, silence dans le peloton sont souvent de mise, pour gérer au mieux son effort.
En tête, bien sûr est-on tenté de dire, l'armada Kenyane imprime le rythme, personne ne peut suivre sauf chez les femmes. Dans les foulées de spécialistes africaines, la Française Noémie Flotté, 26 ans, leur tient tête. L'an passé, elle était déjà là, elle connaît donc le parcours et surtout, elle est chez elle.
« Je ne savais, pas trop où j'en étais car j'ai abandonné, malade, lors des championnats de France de semi-marathon le 16 septembre dernier. J'ai voulu néanmoins tenter ma chance. L'essentiel était de bien s'abriter du vent et de m'accrocher. J'ai cru que j'avais une chance de l'emporter lorsque l'une des Kenyanes a lâché et que j'ai pu placer une attaque mais à trois kilomètres de l'arrivée, Elisabeth Chelagat est passée et je n'ai pas pu la reprendre. Ce n'est pas grave, j'ai fait un bon chrono et une bonne place » commente tout sourire la jeune femme qui termine deuxième en 1h29'53s (son record personnel sur semi est de 1h15'30s en 2003).
Dans ce stade de Charleville, chacun l'acclame et tous les coureurs savourent ces derniers instants de course. Le public n'oublie personne même si les locaux ont droit à un traitement de faveur et une véritable ovation.
Noémie Flotté (AS Sommer) est parvenue à faire jeu égal avec les Kenyanes
Sedan-Charleville est indiscutablement une grande classique de la course à pied avec son organisation parfaite, une ambiance incroyable, des particularités et un parcours sélectif à souhait.
Philippe Savry, 47 ans, 1h41, habitant Fere-Champenoise participait à son 3ème Sedan-Charleville.
« C'est vraiment dur, mais avec un tel public on termine en trombe, heureux, sur un nuage. C'est énorme comme sensation. La présence de tous ces vélos est aussi exceptionnelle, ça donne un caractère particulier à la course ».
Dominique Moncuit, 49 ans, court depuis dix ans, et s'alignait pour la 8ème fois. « Pour rien au monde je n'oublierais de m'aligner sauf sur blessure. C'est un rayon de soleil dans le monde de la course à pied et ce quelle que soit la météo ». Une conclusion parfaite.

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