Presse nationale 2010

Le bonheur de faire les courses

L’Equipe.fr du 29 septembre 2010 - PASCAL GREGOIRE-BOUTREAU.
 Le sport ne se résume pas à la performance. Il est aussi un état d'esprit et une source de convivialité. Partout en France, comme dimanche entre Sedan et Charleville, la course à pied représente un formidable vecteur de cette volonté. Pour la 90e fois depuis 1906,
les passionnés de course à pied relieront dimanche Sedan à Charleville.

Les Ardennes, vous connaissez ? Non... ? Eh bien vous manquez quelque chose. Si si, je vous assure. Surtout si vous êtes coureurs à pied. Dimanche aura lieu Sedan-Charleville, une course pas tout à fait comme les autres.
Cette grande classique fêtera en effet sa 90e édition. Un record pour une course de ville à ville. C'est en 1906 qu'une quarantaine de coureurs s'élancèrent pour la première fois de Sedan pour rejoindre Charleville, distante de 24 kilomètres.
Depuis, excepté lors des deux guerres, la course a toujours eu lieu le long de la petite route qui suit le cours de la Meuse, nourrissant son histoire d'épisodes parfois épiques.
Lors des premières éditions, les commissaires lâchaient des pigeons au passage des premiers coureurs pour informer leurs collègues de la ligne d'arrivée de l'ordre des concurrents. Les plus grands sont ensuite venus participer à cette épreuve. Alain Mimoun, champion olympique du marathon 1956, inscrivit son nom au palmarès en 1959 et en 1960. Michel Jazy, un peu plus tard, prendra également le départ.

Le jour où je ne prendrai plus le départ,
c'est que j'aurai déjà un pied dans la tombe

Au-delà des athlètes de haut niveau, la course attire surtout des anonymes dont le seul souci est de franchir la ligne d'arrivée au stade du Petit-Bois.
« Chaque Ardennais, quel que soit son âge, met un point d'honneur à courir Sedan-Charleville. Cette course est une institution et relève du domaine de la légende. Un monsieur d'une bonne soixantaine d'années m'a dit un jour : Le jour où je ne prendrai plus le départ, c'est que j'aurais déjà un pied dans la tombe... ».
Le Sedan-Charleville est une part importante du patrimoine culturel ardennais.
« À une époque, faute de moyens, on avait parlé de sa suppression. Toutes les Ardennes avaient alors grondé », témoignait il y a quelques années dans L'Equipe Yanny Hureaux, historien régional.
Comme pour une étape du Tour, deux heures avant le passage de la course, les habitants se pressent sur le parcours, sortent tables, chaises pliantes et banderoles et encouragent chacun des coureurs.
Cet accueil des Ardennais, au paroxysme dans la dernière petite montée avant l'arrivée avec un véritable corridor humain qui ne s'ouvre que pour laisser passer les coureurs, a conquis tous ceux pour qui la course à pied est avant tout l'occasion d'une grande fête.
Dimanche, ils seront encore 3000 au départ.

Trois milles coureurs venus transpirer (24 bornes quand même...) mais surtout vivre une ambiance propre à ces épreuves sur route qui possèdent une âme.


L'institution Sedan-Charleville

V02 Mag. Eté 2010 - Christophe Rochotte.
 
Le 3 octobre Sedan-Charleville, le plus vieux ville-à-ville, long de 24,3 km et qui emprunte un parcours vallonné fêtera sa 90e édition.
Pourtant, l'épreuve est née en 1906. Mais, en raison des deux guerres mondiales, la course n'a pas pu avoir lieu pendant 14-18 et 39-45. Malgré tout le centenaire de l'acte de création a été célébré en 2006. Sedan-Charleville avait été lancé par le quotidien local de l'époque : "Le Petit Ardennais".
Son successeur l'Ardennais, la parrainera jusqu'en 1991.
La première édition avait réuni 40 participants et déjà à cette époque, il y avait des cyclistes qui tenaient à suivre les coureurs. Plus tard en 1921 et 1922, l'épreuve avait pris une tournure spéciale. Chaque concurrent convoquait un chronométreur et s'élançait en septembre le jour, où il le souhaitait et début Octobre, le coureur qui avait été le rapide était déclaré vainqueur.
Jusqu'en 1981, l'épreuve n'était ouverte qu'aux licenciés, ce qui forcément limitait le nombre de participants. Ensuite, et ce dès 82, le nombre de participants a explosé. Tous les ans, ils sont 3.000 à relier les deux villes.
Cette compétition a toujours plu pour son aspect symbolique, car Sedan et Charleville sont les deux villes les plus importantes du département des Ardennes et il y a toujours eu une route entre les deux. D'ailleurs, un jour il est question de les réunir en une métropole.
Petit à petit, le plateau de l'épreuve a évolué. Au départ les favoris étaient Français.
Si Alain Mimoun, l'a gagnée, Michel Jazy l'a abandonnée. Puis les Belges ont débarqué avec notamment Karel Lismont, médaillé de bronze aux JO de Montréal sur marathon, Emile Puttemans, spécialiste du 10000 mètres et Schoofs, champion du monde de cross en 74 et qui d'ailleurs détient toujours le record de l'épreuve.
Ensuite, dans les années 90, avec la Perestroïka sont apparus les Athlètes des Pays de l'Est. Surtout des Russes et désormais les plus forts demeurent les Africains.
Ce qui caractérise cette épreuve et tous les coureurs le diront, ce sont les spectateurs. Ils progressent entre une haie de gens enthousiastes de Sedan à Charleville et le couloir dans lequel ils évoluent ne dépassent pas deux mètres. Et en certains endroits, des barrières ont dû être installées, parce que cela tournait à l'hystérie collective. Tout cela évoque un peu les Comrades. De plus, dans les 5 villages traversés, des animations musicales subliment l'ambiance.
Tout le monde se mobilise pour cette épreuve, parce que les Ardennes sont un petit département et qu'il s'agit de l'événement sportif de l'année, qui se déroule toujours le 1er dimanche d'octobre. Et pour cette raison, en dehors de partenaires privés l'organisation peut compter sur les institutionnels, notamment les deux municipalités, le département et la région. Ce qui permet à l'épreuve de tenir et de perdurer.
Aussi, c'est populaire. Le droit d'inscription fixé à 16 euros n'a pas bougé depuis 5 ans. Et une fois la remise des prix terminée, une voiture est tirée au sort parmi tous les dossards et les 3.000 coureurs attendent avec attention l'issue de cette loterie, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il fasse beau.
De même, il importe de souligner que la réputation de l'épreuve dépasse le cadre du département. Des gens viennent en bus de la Bretagne, de la Bourgogne et d'ailleurs. Sans compter les Belges qui résident à proximité. En tout, 70 départements français sont représentés. Ça reste la fête la plus importante de l'année et personne n'a envie que cela s'arrête et les membres de l'organisation, tous bénévoles, s'investissent, afin que cela continue.
Enfin, au niveau du calendrier, Sedan-Charleville est bien située. 15 jours avant le Marathon de Reims, ce qui permet à ceux qui le préparent de faire une dernière sortie longue avant. Pareil pour ceux qui voudraient se rendre à la Rochelle.




Succès pour la 90ème édition

Site Run in Live - Christophe Rochotte.
 
Crée en 1906, Sedan-Charleville s’affirme comme le plus vieux ville-à-ville de France et sans deux guerres mondiales, cette épreuve compterait déjà plus de cent éditions.
Aujourd’hui, il s’agissait de célébrer la 90ème édition et à cette occasion plus de 3000 coureurs ont tenu à participer.
Alors que ces derniers jours la météo apparaissait morose et synonyme d’un temps de Toussaint auréolé de grisaille, ce dimanche d’automne évoquait l’été indien et la température avoisinait les 23° et nombre de participants reconnaîtront à l’arrivée, avoir souffert de la chaleur.
Le charme de ce challenge d’une distance de 24,3 km réside dans la difficulté de son parcours très vallonné et malheur à ceux qui poussés par l’euphorie ne manquent pas de prendre un départ trop rapide. Ce qui se produira, tant au niveau de l’élite que des coureurs populaires.
Les concurrents apprécient l’ambiance unique qui caractérise cette compétition.
En effet, tout au long du tracé des dizaines de milliers de spectateurs les encouragent à renfort d’applaudissement et aux endroits les plus spectaculaires, les organisateurs doivent installer des barrières, de façon à créer un couloir, afin que les coureurs puissent progresser sans être importuné par une foule en délire.
Egalement, les suiveurs en vélo sont autorisés et prennent ainsi part à la fête. De même, dans tous les villages des orchestres concourent à booster l’enthousiasme.
De coutume, ce type d’épreuve comporte un aspect stratégique et le plateau composé d’Africains restent groupé au moins jusqu’à la mi-course. Or là, d’entrée et au mépris de tous sens tactique chacun a décidé de tenter sa chance et dès le premier km, les écarts étaient crées et les positions établies, comme s’ils subsistaient des différences de niveau trop importantes entre les protagonistes du plateau. Excepté les 3 meilleures féminines qui resteront ensemble.
Quant aux meilleurs Français, ils n’ont jamais été en mesure de se mêler à la lutte, soit parce qu’à l’image de Pascal Fétizon, désormais âgé de 48 ans, on ne peut pas être et avoir été, ou bien parce le trou séparant le niveau africain, de celui des meilleurs régionaux s’avèrent incommensurable et dès lors se produisent deux courses dans la course.
Largement en tête au 10e km, passé en 29’30 le Kényan Boniface Kirui apparaissait intouchable.
Pourtant, ce jeune homme de 23 ans craquera à deux km du but, épuisé par ses efforts trop conséquents dans les bosses et se fera reprendre par le Burundais Willy Nduwimana, titulaire d’un record de 1h03’ sur semi-marathon, qui l’emportera en 1h15’10 et qui précédera Kirui de de 59’’.
Osephor Nkunzimana, également burundais complétera le podium en 1h17’51. Premier français et vainqueur vétéran, Abdel Mesbah, prendra la 9e position en 1h21’25.
Il devancera Pascal Fétizon, 12e en 1h23’29.
Chez les féminines la lutte se révélera âpre jusqu’au bout et à peine 19’’ sépareront les 3 premières. Victorieuse cette année du semi de Nairobi en 1h12’, la Kényane Consalater Chemtai parviendra à prendre le meilleur sur ses adversaires en fin de parcours et coupera la ligne en 1h27’49.
L’Ougandaise Catherine Webonbesa finira seconde en 1h27’49 et l’autre Kényane Risper Gesabwa, toujours espoir, 3e en 1h27’55. Eléna Fétizon se contentera de la 5e place en 1h42’25.
A l’arrivé, nombre d’athlètes connaîtront des difficultés pour récupérer. En raison de la chaleur, à laquelle il n’était plus habitué, beaucoup souffriront de déshydratation et manqueront le tirage au sort, où il faut impérativement être présent pour espérer repartir avec la voiture mise en jeu.




Le retour d'Helena Fetizon

Site Run in Live - Christophe Rochotte.
 
Détentrice d’un record de 2h36’ sur marathon, Helena avait pu participer aux championnats d’Europe de Göteborg en 2006. Par la suite, elle a connu un problème cardiaque nécessitant une intervention chirurgicale et récemment, elle a vécu un heureux événement.
Désormais, elle parvient à renouer avec l’entraînement et la compétition. Alors qu’elle prépare le Marathon d’Athènes, au titre d’une séance, elle avait décidé de s’aligner à Sedan-Charleville, où elle a terminé première française et décroché la 5e place chez les féminines.
Comment s’est déroulé la course ?
« J’ai commencé sur une base de 3’55’ au km, mais j’ai rapidement compris qu’il ne serait pas possible de maintenir cette allure. En plus, au 9e km j’ai ressenti des douleurs abdominales et ça m’a déstabilisée. Toutefois, je ne me suis pas affolé. A partir de là j’ai décidé d’assurer ma place et c’est passé tranquillement. Je n’étais pas au top parce que cette semaine j’ai couru une grosse séance et je ne l’ai pas récupérée.
Ici, j’ai déjà réalisé 1h28’ et aujourd’hui, j’ai mis 14’ de plus Actuellement, je prépare les championnats du monde militaire du marathon, qui auront lieu à Athènes le 31 octobre et donc cette épreuve dans les Ardennes, je l’ai prise pour un entraînement. En Grèce je donnerai le meilleur de moi-même, mais je sais que je ne pourrai pas améliorer mon record ».
Pourquoi ?
« Il faut que je retrouve mes repères. Je ne peux pas encore m’entraîner comme auparavant. La petite qui a maintenant 8 mois ne fait pas encore ses nuits ».
Sinon, que s’était-il passé à la mi-juin aux 100 km de Saint-Augustin-des-Bois ?
« Il s’agissait de mes débuts sur 100 km et je m’étais fixé pour objectif de réussir les minima pour intégrer l’équipe de France. J’avais choisi cette épreuve, parce que la date limite pour les minima était le 30 juin. Or, ce 100 km était celui qui était le plus éloigné de mon accouchement. Déjà, pour le préparer j’ai été contrainte de courir moins que prévu.
Mais ça, ce n’était pas vraiment un problème, parce que j’ai pratiqué l’entraînement croisé à base de vélo d’appartement et de natation. Le vrai souci a été ce 100 km qui ne favorise pas la performance. Le parcours est très exigeant avec des côtes et des chemins en mauvais état. Donc, j’ai décidé d’abandonner au 50e km. Ca ne m’intéressait pas de me lancer sur 100 km avec pour seule ambition de finir. Je voulais une sélection ».
Comptes-tu réessayer ?
« Cette expérience ne m’a pas découragée. Je ferai peut-être une nouvelle tentative en 2011, mais avant je veux déjà revenir sur les distances inférieures ».




Pascal Fetizon : Crevé mais content

Site Run in Live - Christophe Rochotte.
 Champion du monde des 100 km en l’an 2000 et toujours titulaire du record de France de la discipline, Pascal Fetizon, 48ans fut aussi un marathonien en moins de 2h15.
De retour sur la route, suite à des problèmes récurrents
de fessiers, il voulait avant tout courir Sedan-Charleville, où il prendra la 12e place, afin d’effectuer une séance qui rentre dans le cadre de sa préparation au Marathon de Reims, où il espère finir en moins de 2h27.


Pourquoi voulais-tu courir Sedan-Charleville ?
« D’une part, ce n’est pas loin de chez moi. Maintenant que je dois bosser à plein temps à la poste et même les samedis, je ne peux plus effectuer de trop longs déplacements. D’autre part, je prépare le Marathon de Reims dans deux semaines ».
Es-tu satisfait de ta course ?
« Oui, dans la mesure où je n’avais pas de bonnes sensations. J’ai subi le contrecoup de la préparation. Mais, ce qui m’a fait plaisir, c’est que j’ai battu des jeunes qui ont 20 ans de moins que moi et Mohamed Reziga, qui m’avait volé un titre de champion de France du Marathon au scratch, parce qu’il avait été positif au contrôle anti-dopage. Il a même abandonné. Je pensais réussir entre 1h20 et 1h22, mais il a fait très chaud. Le vent dans le dos nous desséchait.
D’habitude sur un semi je ne bois jamais, là je me suis hydrater à tous les ravitaillements.
Le fait d’avoir couru des 100 km m’a aidé. Comme je n’étais pas au top, j’ai considéré que je me trouvais dans les 30 derniers km d’un cent bornes. J’ai progressé au sein d’un groupe de 15 et je suis le seul à avoir survécu ».


En quoi consiste ta préparation marathon ?
« Depuis Janvier je suis entraîné par Jean-Pierre Monciaux et également par Véronique Billat. On est en train de tester une nouvelle méthode.
Comme, je dispose de moins de temps pour m’entraîner et vu qu’au cours de ma carrière, j’ai accumulé pas mal de foncier, j’en fais moins. Et je n’ai couru que 130 km durant 4 semaines. Je travaille beaucoup les changements d’allure. Par exemple, les temps de récupération deviennent plus courts. Je vais courir des 200 mètres en 34’’, mais récupérer 24’’.
J’espère réussir 2h27. A Reims, je ne vais pas m’embêter. Si une fille part sur les mêmes bases que moi, je courrai avec elle ».

Et te reverra-t-on un jour sur un ultra ?
« Peut-être, mais après 50 ans. Pour l’instant, je voudrais réaliser un bon 5.000 et un bon 10.000 à 50 ans. Ensuite, on verra. Pourquoi pas un 24 heures ? Mais à un moment, quand j’ai tenté d’en préparer un, je me suis fait peur. Tellement j’ai souffert des fessiers, j’ai cru que je n’allais plus pouvoir courir.
Donc, quand j’ai enfin retrouvé des sensations, j’ai décidé de m’aligner sur du court pour me faire plaisir. Et si je me projette dans la préparation d’un 24 heures, j’ai peur. Est-ce que mes fessiers vont tenir. D’un autre côté à 50 ans, j’irai moins vite et peut-être que ça passera, même si je n’atteindrai pas au meilleur niveau mondial ».

Sais-tu que Jean-Marc Bordus vient de passer les 260 km à plus de 50 ans ?
« Non. Tu me l’apprends. En tous cas, je suis heureux pour lui. Il le mérite.
Ca me donne de l’espoir ».

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