La plus belle des courses
L'Ardennais du 28 septembre 2008 - D.B.Coureur assidu et kiné pendant dix ans à l'arrivée, Jean-Christophe Tulpin évoque cette quête du Graal des sportifs ardennais, avec quelques conseils bien utiles pour les novices.
Impossible de la manquer : la banderole marquant la ligne de départ surplombe l'avenue Philippoteaux, tout près de son bureau ! « Elle me met la pression tous les matins ! », plaisante le jeune kiné sedanais, un fondu d'endurance.
| Plus
qu'une semaine et Jean-Christophe Tulpin se retrouvera pour la 5e année
consécutive, au milieu des quelque 3.000 inscrits du Sedan-Charleville.
Le stress d'avant course n'est pas encore là, mais il est déjà dans le
bain : « C'est le grand rendez-vous de l'année, un objectif pour beaucoup de coureurs ardennais ». La doyenne des courses pédestres ardennaise lui délivra son baptême d'endurance voilà 21 ans. « J'avais 20 ans et comme je jouais au foot, j'avais le bénéfice de l'entraînement. J'ai repris la course il y a cinq ans, en arrêtant le football ». Le Sedan-Charleville représente pour lui la quintessence de la course pédestre : « Il y a une belle ambiance, sans esprit de compétition et avec peu de décalage entre les grands coureurs et les amateurs. On lutte davantage contre soi-même que contre un adversaire. Être 152e ou 1.300e ne fait pas une grande différence le lundi matin ! », poursuit Jean-Christophe qui poursuit un seul objectif : faire mieux que l'an dernier, et tenter d'améliorer son meilleur temps, 1h58. |  Jean-Christophe Tulpin |
Il faudra bien cela pour surmonter les dix derniers kilomètres, les plus durs, ceux qui cisaillent les jambes à partir de Flize, puis dans la côte de Mohon. « C'est là que les supporters jouent un rôle énorme. On puise un surcroît d'énergie dans leurs encouragements. Cette ambiance qui n'existe pas sur les autres courses est vraiment extraordinaire ».
Ce moment, où l'épreuve prend tout son sens, Jean-Christophe le connaît, le prévoit : « On sait qu'à un moment, on souffrira, et là, souvent, c'est le mental qui prend le relais ». À l'arrivée, dimanche prochain, Jean-Christophe pourra savourer la victoire ; la sienne et celle de ses compagnons de route, souvent les mêmes chaque année.
Le Sedan-Charleville, le Marathon de Paris, et qui sait demain celui de New-York ? Mais jusqu'où courra-t-il ? « Je ne sais pas ! Une chose est sûre, cela fait maintenant partie de mon équilibre. J'y ai vraiment pris goût et j'en ai besoin », conclut le Sedanais.
 Annie Gabrel (au centre), Carine et Ophélie | Le bal des débutantesL'Ardennais du 30 septembre 2008 - Sylvain Pohu.Plusieurs femmes se lanceront pour la première fois sur l'épreuve, en relais. Pour des raisons diverses. Deux d'entre elles expliquent pourquoi elles sont venues à la course à pied. Pour la troisième année consécutive, un relais de 4 fois 6 kilomètres réservé aux femmes a été mis sur pied par Annie Gabrel. Avec principalement des néophytes. |
Ophélie Malicet (30 ans, La Francheville, Infirmière, Mariée et deux enfants), ont répondu à nos questions.
Comment êtes-vous venue à la course à pied ?
Carine : « Grâce à une collègue de bureau qui a débuté l'an passé avec Annie (Gabrel). Je faisais de la gym et du body scult mais, à part ça, pas de sport ». Ophélie : « Mon père est entraîneur à La Macérienne. Il y a également eu une petite annonce dans le journal interne de l'hôpital. J'ai fait de la natation en compétition quand j'étais plus jeune » .
Quelles raisons vous ont poussée à faire cette démarche ?
Carine : « J'ai arrêté de fumer en début d'année et j'avais des travaux à faire à la maison. Il me fallait une activité physique. J'ai donc débuté fin juillet ». Ophélie : « J'ai commencé l'année dernière. L'objectif était La Poudre d'escampette, la course de mon village. Mais, je n'ai couru qu'un mois, je suis tombée enceinte. J'ai repris en mai avec toujours le même objectif ».
Avez-vous déjà participé à une compétition ?
Carine : « J'ai couru La Montcéenne, j'ai réussi à finir la course, c'est déjà bien ». Ophélie : « J'ai donc fait La Poudre d'escampette cette année. J'ai fini première Affranchie. Le but était de terminer la course ».
Combien de fois courez-vous par semaine ?
Carine : « Trois fois. Avec le groupe lundi, avec ma copine Marie le mercredi et avec Annie le vendredi ». Ophélie : « Au moins tous les vendredis. J'essaie deux fois selon mes disponibilités (mon mari court aussi, trois fois par semaine) en alternant avec la natation ».
Que vous a apporté la discipline ?
Carine : « Je suis contente de rentrer chez moi après l'entraînement en me disant que j'avais bien couru. En plus, il y a une bonne équipe sur Charleville, il y a une bonne ambiance ». Ophélie : « On se sent vraiment bien après ».
Quel est votre objectif pour le relais de dimanche ?
Carine : « Déjà être ensemble puis connaître ça au moins une fois ». Ophélie : « Me faire plaisir ».
Vous voyez-vous courir le Sedan-Charleville en entier ?
Carine : « Pas pour l'instant. Mais, s'il y a quatre mois, on m'avait dit que je courrais, je ne l'aurais pas cru. Je ne dis pas non mais, l'année prochaine, c'est loin ». Ophélie : « Pas encore. Il faut un minimum d'entraînement. Et je n'ai pas assez de temps pour cela ».
Mémoire de Sedan-Charleville
L'Ardennais du 1er octobre 2008 - Cédric Goure.| Passionné par la doyenne des classiques, Robert Cordelette lui a consacré un livre qui paraîtra prochainement. SEDAN-CHARLEVILLE, la centenaire : En 375 pages et 200 illustrations, voilà le titre du livre que Robert Cordelette s'apprête à publier. Athlète, entraîneur, pilote d'avion, correspondant de presse, le septuagénaire ardennais voue une profonde passion à la doyenne des épreuves de ville à ville françaises. Même affaibli par une récente intervention chirurgicale, il sera présent sur le bord de la route dimanche, à l'occasion de la 88e édition. D'où vient votre passion pour Sedan-Charleville ? « Comme tous les Ardennais, je pense qu'elle fait partie du patrimoine. J'ai commencé la course à pied à Pau, où je faisais mes classes. J'ai découvert Sedan-Charleville en 1958, alors que je servais en Algérie, par l'intermédiaire de L'Ardennais. Quand je suis rentré en France en 1960, j'ai signé ma première licence à l'ASPTT Charleville ». |  Robert Cordelette |
« Il y a longtemps que j'en avais envie, car personne ne l'a jamais fait. Il faut dire que c'est une histoire locale. J'ai commencé à investir les archives municipales et départementales il y a deux ans. J'ai rassemblé énormément de documents. A partir de là, j'ai décidé d'écrire l'histoire de la course depuis son origine en 1906, en intégrant un chapitre sur la guerre de 1914-18 dans les Ardennes. Le livre est achevé depuis cinq mois. Il a été envoyé à une quinzaine d'éditeurs français et wallons. J'ai reçu une demi-douzaine de réponses, dont cinq négatives, mais Atlantica est intéressée, car cette maison va lancer une collection sur l'histoire du sport. Au préalable, elle a besoin d'une commande de 2.000 exemplaires ».
Combien de participations comptez-vous ?
« Mes entraîneurs Raymond Janssen et Pol Singevin m'ont inscrit pour la première fois en 1966. Si ma prestation s'était révélée prometteuse, j'ai attendu six ans pour passer sous 1h30. J'ai réalisé ma meilleure prestation en 1979, en terminant 25e en 1h23. En 2006, j'ai vécu ma trente-huitième participation non successive. Le Belge Jean Nicolas a, lui, effectué la course trente-trois fois consécutivement ».
Quelles sont les conditions pour réussir la course ?
« Il faut d'abord être compétitif sur d'autres distances. Sur piste, parce que c'est la base de tout, mais aussi sur 10 kilomètres sur route et sur semi-marathon. Quelle que soit ma forme, j'ai toujours trouvé Sedan-Charleville très long. La préparation nécessite de commencer à s'entraîner trois mois avant, avec des séances quotidiennes lors des huit dernières semaines ».
Par quel sentiment est-on envahi lors de l'entrée dans le stade du Petit-Bois ?
« Une grande émotion. J'ai ressenti la même chose en traversant Central Park lors de ma première participation au marathon de New-York en 1979. Quand on a galéré sur le bitume, franchir la porte d'entrée du stade constitue un grand bonheur. J'ai déjà vu des coureurs pleurer à l'arrivée. Il y a quarante-cinq ans, 10.000 spectateurs s'entassaient au Petit-Bois. Aujourd'hui, la foule est toujours massée sur le parcours. Les spectateurs ne laissent parfois qu'un couloir étroit aux coureurs. En 1979, une estimation avait avancé le chiffre de 50.000 personnes sur le tracé ».
Quel regard portez-vous sur l'évolution de la doyenne ?
« Dans les années 1920, la quarantaine de participants était considérée comme des héros. Une année, l'arrivée a été avancée au pont des deux villes, car la foule empêchait les concurrents d'aller jusqu'au cours Briand. Plus tard, les coureurs des départements limitrophes, les Parisiens et les Belges sont arrivés. Aujourd'hui, les Kényans gagnent tout. Ils arrivent et repartent incognito, confiant leur enveloppe à leurs agents. Qui s'intéresse à eux ? Je pense qu'ils sont de passage. Sedan-Charleville reviendra à plus de classicisme lorsqu'ils ne seront plus là ».
Quel est le vainqueur vous ayant le plus marqué ?
« Le Belge Karel Lismont, car il avait gagné à l'âge de 20 ans. Sedan-Charleville était sa première course d'importance. Il est devenu plus tard champion d'Europe de marathon en 1971 et médaillé d'argent aux Jeux Olympiques de 1972 à Munich et de bronze en 1976 à Montréal. Il a gentiment accepté de préfacer mon livre ».
Un Français pourra-t-il à nouveau s'imposer un jour ?
« Oui, mais il faudrait que les Français s'intéressent. Les internationaux demandent trop d'argent pour participer. Dans le passé, une demi-douzaine de champions olympiques belges sont venus. Mon ami Alain Mimoun est le seul s'étant imposé trois fois. Si on s'adonne à des comparaisons, le Liégeois Rick Schoofs avait réalisé 1h11'19 il y a trente ans en courant seul de bout en bout. L'Amiénoise Chantal Langlacé s'est distinguée en 1h25'38 en 1984 ».
Où serez-vous dimanche ?
« Probablement Boulevard de Béthune ».
Trois hommes dans l'allure
L'Ardennais du jeudi 2 octobre 2008. Pour la première fois sur la Doyenne ardennaise, il y aura des meneurs d'allure pour réaliser 2h00, 2h15 et 2h30. Une pratique de plus en plus courante sur les courses hors stade, notamment les marathons.L'an passé, Rémy Duprez avait tenté l'expérience, de façon personnelle, en se basant sur 2h, barrière symbolique pour une grande partie des participants au bout des 24,3 km du Sedan-Charleville. Il avait coupé la ligne d'arrivée du stade du Petit-Bois en 1h59'46 exactement.
« Une vingtaine de coureurs m'ont accompagné au début. Une dizaine seulement étaient avec moi à la fin. J'ai fait une erreur. Vu que j'étais en retard, je suis passé de 5' au kilomètre à 4'30. C'est aussi ça, la complexité. Il ne faut pas se laisser emporter en se disant : je suis bien, donc j'accélère. Il faut donner un rythme régulier du début à la fin », raconte-t-il.
 Michel, Didier et Thierry 3 hommes dans l'allure | ReconnaissablesDimanche, ils seront donc trois à imposer un tempo (Rémy Duprez sera, lui, sur un vélo).Équipés pour qu'on ne puisse pas les louper : Munis d'une pancarte, d'un tee-shirt avec le temps inscrit dessus et d'un ballon (rouge pour les 2 heures, bleu pour 2h15 et jaune pour 2h30). Michel Dichamp, Didier Capitaine et Thierry Poncelet prendront le départ côte à côte avant de se caler tout de suite à leur allure (4'57 au km pour 2 heures, 5'33 pour 2h15 et 6'10 pour 2h30). |
Suivez les guides
| 2 HEURES Michel DICHAMP 16e participation au SC. Record : 1h37. Cent-bornard. Participera au Marathon des Sables en 2009. | 2H15 Didier CAPITAINE 4e participation. Record : 1h58. Spécialiste de trail et de marathon. | 2H30 Thierry PONCELET 13e participation. Record : 1h34. Marathon des Sables en 2002, trail, 100 km. |
Les agents municipaux dans la course
L'Ardennais du samedi 4 octobre 2008.Cette année, dix-huit agents municipaux participeront au Sedan-Charleville.
Trois dames, et quinze messieurs issus de 12 services municipaux avec une forte représentation des espaces verts. Huit d'entre eux ne sont licenciés dans aucun club, le plus jeune a 34 ans, le plus âgé 55 ans.
 Les agents municipaux dans la course | L'année dernière, Alain Marcoux du service des sports avait fait le meilleur temps des agents en 1h30'34. Mercredi, André Libron qui représentait le maire a reçu les participants à la Maison des sports en présence de la présidente Josiane Bonna et de M. Dufossez, directeur de la Mutuelle Nationale Territoire, partenaire de l'opération. Les conseillers municipaux Muriel Floquet, Simon Feré, Marie-France Bodhouin et Luc Migeot étaient également présents. |
Liste des participants
Sandrine Blanchard (périscolaire), Marie-Madeleine Bocquillon (urbanisme), Irène Tabin (crèche), Denis Fontaine, François Fochesato, Gilbert Lagrange, Stéphane toury, Jean Granet des espaces verts, Alain Marcoux (sports), Francis Richard (ENMD), Yves Barris (énergie), Remi Duprez (informatique), Thierry Poncelet (finances), Gérard Cosson (menuiserie), Michel Dichamp (citoyenneté et sécurité), Philippe Peter, Didier Freniaux, Jean-Jacques Gamain (cuisine centrale).Cent experts-comptables au départ
L'Ardennais du samedi 4 octobre 2008 - Nathalie Diot.Le 08/08/08 a des chantres inattendus, la promotion des Ardennes passe par les offices de tourisme et... des experts-comptables ! Une de leurs actions : courir le Sedan-Charleville.
« Les Ardennes sont méconnus à tout point de vue : esthétique, économique... j'ai rebondi sur l'idée du 08/08:08 et décidé d'essayer de promouvoir le département ». Gilles Vemeren n'est pourtant pas un spécialiste du tourisme ni même natif du département ! Il est directeur de FCN, un cabinet d'expertise comptable rémois.
Mais « impliqué dans la vie ardennaise ». En effet, son cabinet a implanté trois bureaux dans le département (Charleville-Mézières, Vouziers et Sedan) et surtout, nombre de ses collaborateurs sont natifs du pays du sanglier : « une cinquantaine ».
Dès le 1er janvier, le directeur du cabinet a donc commencé l'année en envoyant un courrier à l'ensemble de ses collaborateurs. Il les informait ainsi de l'opération de communication de l'année baptisée : FCN 08. Le fil rouge : un portail internet où s'expose « l'ardennitude ».
Un logo spécial a été créé pour l'occasion (un sanglier bien sûr). En plus des manifestations à suivre mois par mois, le site propose des recettes de cuisine ardenno-ardennaise : tarte au sucre et cacasse à cul nu en tête. « Nous alimentons le site plus ou moins régulièrement. Nous sommes d'abord experts comptables », sourit celui qui est à la tête du 14ème cabinet français en terme d'emploi (400 personnes).
Néanmoins, cette démarche donne l'occasion au département de connaître un écho au delà de la région. Car le cabinet se compose de 400 personnes dont plus de 60 associés. Les 20 bureaux de la société sont fortement implantés en Champagne-Ardenne mais aussi dans le quart Nord-Est de la France. On le retrouve en région parisienne, à Orléans, au Tréport, à Dieppe.... Et il est membre de l'association internationale de cabinets comptables.
Sans compter les clients de ces experts : « Nos réunions techniques regroupent 80 à 100 personnes et même si elles n'ont pas toujours lieu dans les Ardennes, le menu est ardennais ».
Sans compter les clients de ces experts : « Nous passons notre temps en entreprise. Nous avons aussi lancé des inscriptions pour le Sedan-Charleville de manière massive ». La société est une habituée des courses pédestres rémoises. Les 24 kilomètres ardennais sont une première à laquelle les inscrits se préparent avec sérieux. Un coach les entraîne les mercredis et samedis.
« Une centaine de personnes sont inscrites » qui porteront un maillot FCN 08. Plusieurs cars seront affrétés ce dimanche 5 octobre depuis Epernay et Reims afin d'emmener les coureurs (dont deux Orléanais et un Anglais) ».
En plus du personnel de la FCN, participeront aussi des « gens de la vie économique » (Impôts, Urssaf, banquiers, etc. Enfin, le cabinet clôturera cette année du 08/08/08 en organisant sa convention dans les Ardennes le 18 octobre avec une possible intronisation par la Confrérie de la cacasse à cul nu.
Mais qu'est-ce qui fait courir Jeannot ?
L'Ardennais du dimanche 5 octobre 2008 - Olivier Raynaud.Les Sedan-Charleville sont presque devenus de la routine pour Jean Oudar. A 74 ans, il prend aujourd'hui le départ de l'épreuve pour la 18e fois. Joli défi sur le temps.
| Jusqu'à
la cinquantaine, il n'avait jamais couru que sur les terrains de foot.
Jean Oudar fut en effet arbitre de football durant trente ans. L'idée de
la course à pied, ça lui a quasiment pris du jour au lendemain. Tout
simplement en regardant passer les coureurs du Sedan-Charleville. « J'ai dit à ma femme : l'année prochaine je le fais ». Ce n'était pas une parole en l'air. Un an plus tard, jour pour jour, Jean s'alignait au départ de l'épreuve sans aucune préparation. Il se sentait en forme, ça lui suffisait : « J'y suis allé sans me poser de questions. Ce qui m'importait surtout, c'est d'aller jusqu'au bout ». Le bout, Jean le verra après 2h15 de course. Il passera la ligne d'arrivée sous le regard à la fois admiratif et incrédule de Pierrette, son épouse : « Quand il s'est inscrit il ne me l'a même pas dit. Franchement, je pensais qu'il allait abandonner… ». Non, décidément, ce n'est pas dans le tempérament de Jean que de renoncer. Depuis ce premier Sedan-Charleville, il s'en est « fait » dix-sept autres, mais il n'a pas fait que ça. |  Jean Oudar, 74 ans, 18ème SC |
Mais sa course de prédilection reste indéniablement ce bon vieux Sedan-Charleville. Jean ne s'en lasse pas. La preuve : il fera partie de la meute cette après-midi. Certes, il ne refera sans doute pas 1h51 comme en 1994, mais, il va tout de même essayer de descendre en dessous des 2h37'05 réalisées l'an passé.
Si Jean Oudar s'est lancé au début dans la course à pied un peu comme on se lance dans une aventure, aujourd'hui il prépare ses courses avec le plus grand sérieux : « Un Sedan-Charleville, ça se prépare deux mois à l'avance. Cet après midi (Ndlr : vendredi), je vais aller faire mon dernier entraînement avant la course. Je vais courir 1h pas plus et demain, samedi, repos complet ».
Pierrette veille pour sa part au régime alimentaire de son cher et tendre : « Depuis le temps j'ai l'habitude. La veille, je vais lui faire des féculents et il a le droit d'en manger tant qu'il en veut. En revanche, le jour de la course, il prendra un repas beaucoup plus léger vers 10h30. Généralement du pain et de la confiture ».
Voilà, Jean est paré. Son secret : pas de cigarettes, et pas d'alcool, si ce n'est une coupette de champagne aux grandes occasions. Et en plus, il a la ligne : 63 kg, malgré un appétit d'ogre. Pierrette se demande comment il fait. Lui seul le sait…
Un classique au parfum d’Afrique
L’Ardennais du 5 octobre 2008 - Cédric Goure.Depuis 10 ans, seul le Marocain Kamel Saaidou (2001) a entravé l’hégémonique domination des Kenyans sur les 24,300 km de la plus illustres des courses de ville en ville en France.
Guidés par des agents aux méthodes parfois peu scrupuleuses, les chasseurs de primes africains capitalisent à grandes foulées, réduisant souvent leurs adversaires européens à des rôles de faire-valoir. La quatre-vingt-huitième édition ne dérogera pas à une règle écrite depuis le succès de l’Ukrainien Syrojejko en 1992.
A moins que son compatriote Victor Rogovoy (43 ans), qui vaut 1h06 sur semi-marathon, ne réalise un improbable exploit, l’épreuve ardennaise ressemblera encore à un championnat d’Afrique avec pour tête d’affiche David Kisang (25 ans). Tenant du titre, le Kényan n’a pas étoffé sa carte de visite depuis l’année dernière, si bien que miser un doublé paraît quelque peu présomptueux.
Lauréat au semi-marathon de Strasbourg cette année après ses podiums au Mans et à Flers, Jairus Chanchima (25 ans), un autre homme des hauts plateaux, arrive avec un record personnel de 1h02’03 sur 21 kilomètres, meilleur que Moses Kiprutu (1h03), mais quasiment équivalent à John Kanda (1h02’20), vainqueur de la course en 2006 en 1h14’10.
Mais sera-ce suffisant pour effrayer Rachid Ziar et Tola Bane ? Habitué des courses dans la région lyonnaise, l’Algérien vaut 1h01 sur semi-marathon (2h09’54 au marathon de Paris en 2002), soit la même référence que l’Ethiopien, deuxième du dernier semi de Lion, après s’être classé vingtième des championnats du monde de cross-country l’année dernière à Mombasa (Kenya).
Daska vise le record
Avec une météo annoncée capricieuse, le record établi en 1998 par le Kényan Yobes Ondieki (1h11’46) peut-il seulement être approché ?La question pourrait moins se poser dans une course féminine où Mamitu Daska (25 ans) fait affiche d’attraction. Avec 1h09’26 effectués à l’occasion des 20 kilomètres de Maroilles, l’Ethiopienne semble capable de mettre le record de la Kényane Sally Jemutai en péril (1h25’58 en 2004), à condition de digérer un final exigeant dès lors qu’on aborde la côte de Villers-Semeuse.
La marathonienne russe Tatiana Mironova (1h15’50 sur semi) et les Kényanes Perris Chumba (1h13’36) et Sarah Chepchirchir (1h13’43), récente lauréate des Boucles de la Saône, peuvent aussi prétendre au podium.
Derrière, parmi les 3.200 participants, la place de meilleur régional ne devrait pas échapper à Olivier Lejeune, quasiment irrésistible cette saison.
 L'éthiopien, seul, face aux 4 kenyans | La fête éthiopienneL'Ardennais du lundi 6 octobre 2008 - Cédric Goure. Mettant fin à l'hégémonie kényane, Tola Bane et Mamitu Daska sont les premiers Ethiopiens sacrés sur la doyenne des classiques.Jadis théâtre des pérégrinations poétiques d'Arthur Rimbaud, l'Ethiopie a symboliquement enrichi le palmarès de la doyenne des classiques de ville à ville en France en consacrant Tola Bane en digne héritier de l'adolescent carolomacérien aux semelles de vent. |
« Je suis très heureux ». À moins de pratiquer couramment l'amharique, inutile d'attendre une autre réflexion d'un jeune lauréat (20 ans) à l'anglais plus approximatif que ses longues foulées félines.
Largement en retard sur les temps de passage d'ordinaire observés à mi-course, Tola Bane a d'abord éliminé les deux précédents vainqueurs John Kanda et David Kisang pendant la traversée de Flize pour finir de faire voler en éclats le groupe de tête en lâchant Moses Kipruto et Jairus Chanchima avant Les Ayvelles (15ème kilomètre).
« Aujourd'hui, Tola était vraiment trop fort. Il y avait trop de vent pour résister à ses accélérations », expliquait Moses Kipruto.
Une météo exécrable
Auteur d'une seconde moitié de parcours impressionnante en solitaire en dépit de conditions météorologiques exécrables, l'Ethiopien, vingtième des championnats du monde de cross-country en 2007, terminait avec un chrono sensiblement équivalent à celui de l'année dernière (1h14'42), mais encore loin du record établi par le Kényan Yobes Ondieki en 1998 (1h11'46).Malgré un temps d'engagement de 1h09'26 sur 20 kilomètres, sa compatriote Mamitu Daska n'a pas davantage inquiété la marque de référence féminine, accomplie par la Kényane Sally Jemutai en 2004 (1h25'58), en repoussant sa rivale Sarah Chepchirchir à plus d'une minute à l'arrivée (1h27'14).
« Avec les difficultés causées par la pluie et le vent, je suis très contente de ma victoire. Les encouragements du public se sont avérés très précieux », affirmait-elle.
Les 3.005 arrivants, parmi lesquels Olivier Lejeune (Givet-Revin AC) s'offrait la place très enviée de meilleur régional (6ème en 1h21'11), ne diront pas le contraire.
Dans le bon tempo
L'Ardennais du lundi 6 octobre 2008 - Sylvain Pohu. Denis Waflard, 53 ans, a atteint son objectif : il s'était fixé la barre des deux heures, quinze jours avant de participer au marathon de Reims. Hier, il a terminé 1027ème au stade du Petit-Bois en 1h58'10.« Je me suis rassuré. Je voulais voir où j'en étais, savoir si j'étais prêt. Ma dernière compétition remontait effectivement à juillet. Je me suis blessé et je n'ai repris qu'en août. Depuis, je n'ai fait que des entraînements », avoue le Marnais de Mourmelon-le-Grand.
Objectif 3h30 à ReimsPour être dans les clous, il s'est positionné dans la foulée de Michel Dichamp*, meneur d'allure avec la pancarte des deux heures. « Ça a été difficile de se caler. Sur les trois premiers kilomètres, il a fallu slalomer », concède ce dernier qui s'est ensuite réglé à l'aide de son polar.Une aubaine pour Denis Waflard, comme pour beaucoup d'autres, qui ont souvent des difficultés à trouver le bon tempo. « C'est un avantage. Le rythme est plus assuré et les kilos sont réguliers. D'habitude, j'ai un gros problème : je pars trop vite et je m'écroule sur la fin », admet-il. |  Denis Waflard et le meneur des 2 heures |
« Je vise 3h30. L'objectif peut se tenir. Je vais me caler dans le groupe alors que j'avais tendance à toujours être un peu devant ». De Sedan à Reims, en passant par Charleville, Denis Waflard veut tout simplement avoir fière allure, jusqu'au bout.
(*) Denis Waflard termine, 1027e en 1h58'10, en compagnie de Michel Dichamp, le meneur d'allure à deux heures, qui a coupé la ligne d'arrivée en 1h57'45. Didier Capitaine (2h15) a réalisé 2h13'46 et Thierry Poncelet (2h30) 2h29'39.
Au cœur de la course
L'Ardennais du lundi 6 octobre - Propos recueillis par S.P. Olivier LEJEUNE (6ème et premier régional) : « Je visais moins d’1h21. Je fais dix secondes de plus mais, vu les conditions, je suis super content. Je dédie ma course à mon oncle décédé au mois de mai ».Damien LABROCHE (8ème) : « Satisfait. Je suis dans les temps de mon record. Je suis parti prudemment. Olivier (Lejeune) était au top donc c’était injouable pour moi. J’ai fait une course en solo après le 15e kilomètre. Mais, il fallait y aller ».
Philippe DEVILLE (19ème) : « Je m’étonne. Je n’ai pas d’entraînement. Je pensais craquer, ce qui n’a pas été le cas. Les conditions n’étaient pas si exécrables que ça ».
Marie-Aude MEYER (93ème et 6ème féminine) : « Avec le vent, je me suis demandé si j’allais pouvoir tenir un semi-marathon. C’était pour tout le monde pareil. Finalement, je me suis trouvée mieux que l’année dernière. J’ai bien fini ».
Emmanuel CORDIER (17ème) : « Je suis parti bille en tête. Du 4ème au 8ème kilomètre, je me suis retrouvé seul. C’était une mauvaise stratégie. Ensuite, j’ai fait la course avec Philippe Deville. En compagnie de Sébastien Nautrez (ACCM), nous avons trouvé un rythme à notre convenance et nous avons pris des relais. Nous n’avons fait que gagner des places. J’étais venu chercher la confiance au niveau mental ».
Lejeune : droit au butL'Ardennais du mardi 7 octobre 2008 - Sylvain Pohu. Sixième et premier régional, le sociétaire du GRAC a obtenu ce qu'il était venu chercher entre Sedan et Charleville malgré des conditions de course pas franchement idéales.Ca faisait deux mois qu'il ne pensait qu'à ça, qu'il enchaînait les courses avec un seul objectif : bien figurer au rendez-vous ardennais de l'année.Olivier Lejeune a réussi son pari en terminant 6ème de la course (premier non-Africain) avec bien sûr le titre honorifique de premier régional. Maintenant, le policier parisien, 30 ans à la fin de l'année, dont le meilleur résultat sur la doyenne était une 10ème place en 1h22'21 l'année dernière, aimerait « claquer » un chrono sur semi-marathon, distance sur laquelle il n'a aucune marque de référence pour l'instant. Ce sera peut-être pour Reims dans quinze jours. |  Olivier Lejeune (GRAC) |
Il y avait surtout du vent sur les quinze premiers kilomètres. Il s'est ensuite apaisé. Les conditions n'étaient effectivement pas faciles, et pendant une heure, ça a vraiment été difficile de tenir l'allure sur 1h20. Je dédie cette course à mon oncle, décédé au mois de mai ».
Le titre en cross
En tout cas, vous ne vous êtes pas posé de question, vous avez assumé votre statut de favori pour la place de premier régional en prenant les devants.« Dès le troisième kilomètre, je me suis retrouvé avec Akdhar et le Belge Hardy. Nous sommes revenus sur le premier vétéran (Mesbah, 7e) mais ils ont lâché au septième kilomètre. Lui non plus n'a pas pris beaucoup de relais. Dans la côte de Villers-Semeuse, il a lâché à son tour, au train. Je suis parti tout seul en essayant d'accélérer au bas du cours Briand. J'ai fini comme j'ai pu ».
Quels sont maintenant vos objectifs ? « Je vais peut-être faire le semi-marathon de Reims mais ce n'est pas encore sûr. Cet hiver, j'aimerais faire de la piste en salle (sur 3.000 m) pour préparer les championnats de cross où je vise, d'abord, le titre départemental ».
Courir est une fête !
L'Ardennais du mardi 7 octobre 2008. D'habitude, l'automne est sympa pour la course Sedan-Charleville. Il fait même plutôt beau... Aussi les anciens qui s'étaient mis à l'abri, hier après midi sous les stands dressés place Turenne n'en revenaient pas. « C'est la 18ème fois que je participe et c'est bien la première fois, si je me souviens bien, qu'il pleut à verse au départ ». Les conseillers municipaux avant le départ | Mais
, on s'en doute, il en faut plus pour contrarier l'ambiance d'un
Sedan-Charleville... Tradition oblige, l'humour vestimentaire était de
mise. Les coureurs de l'amicale de Bel Air à Charleville-Mézières
avaient choisi de s'accoutrer en bouchers. Un autre portait un turban de prince hindou. On a aussi vu des sortes de farfadets tout vêtus de jaune. Perruques de clown, papillottes dans les cheveux. Bref, il y avait de la fantaisie dans l'air. |
A 14 heures pile, le carré vedette des Kenyans étant arrivé, les sportifs handicapés se sont élancés vers la gare, suivis peu après par la foule des dossards. La drache, le vent ; Assurément, du côté de Donchery et de Flize, ils ont été quelques uns à mériter leur grog.
Un cinquantenaire en familleL'Ardennais du mardi 7 octobre 2008. Corinne Gérard était bien entourée dimanche entre Sedan et Charleville.L'athlète de PSA-Citroën avait effectivement décidé de courir en famille pour fêter ses 50 ans. Elle était donc accompagnée de ses trois enfants, Romuald, son aîné, et ses filles Julie et Mélanie, avec qui elle a terminé la course en 2h18'43. |  Corinne Gérard a fêté ses 50 ans en famille |
110 Femmes en relais
Cent dix concurrentes (plus dix hommes) ont participé, en rose cette année, aux relais.« Tout s'est bien passé, nous avons abordé tous ensemble le cours Briand. L'effet était saisissant », se félicitait Annie Gabrel, l'instigatrice du projet.Une première arrosée
Tout juste débarqué dans les Ardennes, Frédéric Roussel, le nouveau Directeur départemental de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, n'a pas été gâté par le temps pour son premier Sedan-Charleville. « Vous verrez, il y fait toujours beau, m'a-t-on dit ». Pour cette année, c'est raté.Mionnet en moins de 1h50
L'an passé, Cédric Mionnet avait décidé de sa participation au dernier moment.Cette année, l'ancien attaquant du CSSA s'était mieux préparé. Il s'est classé 524ème en 1h49'30.
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