Jogging International N°227 - Novembre 2007.
Un an après avoir fêté son centenaire, la doyenne française des courses de ville à ville a une nouvelle fois sacré deux Kenyans, David Kisang et Elizabeth Chelagat, à Charleville-Mézières.
Au terme du premier des 24,3 kilomètres, les coureurs des hauts plateaux avaient déjà réussi à faire la sélection, loin devant les quelques 3.400 anonymes encouragés par une foule immense.
Dans son style caractéristique, Kisang a tour à tour foudroyé ses adversaires au rythme de ses accélérations fulgurantes, jusqu'au Marocain Abdelkebir Lamachi, médaillé d'argent sur le semi-marathon des Jeux méditerranéens 2005, le seul à l'accompagner jusqu'à 3 km de l'arrivée.
Le même scénario sourit à Elizabeth Chelagat, déjà tenante du titre, vainqueur en solitaire après avoir distancé sa compatriote Eunice Orwaru et l'Italienne Paola Ventrella dans l'éprouvant final.
Une fête sportiveRunning Attitude 07/10 - Véronique Bellengier. |
En ce premier dimanche d’octobre, il fait grand bleu. Dans l’Avenue Philippoteaux, où se préparent au départ les 3.400 inscrits, les cœurs sont enjoués. Les chaudes températures laissent pourtant présager un effort difficile. 14h le coup d’envoi de la 87ème édition est donné...
Depuis Sedan, les coureurs rejoindront Charleville-Mézières, 24,3km plus loin, passant par de nombreux villages ardennais. En son sein, le peloton se compose également de cyclistes. Aussi surprenant que ce soit, c’est ici une tradition. Jean-Marie Baudoin, président de l’association organisatrice Courir en Ardennes, se rappelle : « A l’occasion de la première édition en 1906, le peloton de 41 coureurs était escorté de 61 vélos ».
La cohabitation se passe plutôt bien. Certainement la force de l’habitude. Parmi les sportifs, en effet, nombreux sont les mordus de Sedan-Charleville, qui reconduisent régulièrement leur participation.
« C’est la course de l’année pour les Ardennais, un véritable événement ! », résume Salem. Effectivement, pour beaucoup, il est tout simplement impensable de la rater.
24,3km d'encouragements
Mais pourquoi donc un tel engouement ? Selon le Sedanais : « Il y a du monde, beaucoup d’ambiance et le circuit est plaisant, alors ça motive ». Et c’est là ce qui fait son attrait.Tout au long du tracé, le public se fait entendre. Famille, amis ou encore voisins applaudissent avec véhémence et scandent les prénoms de leur(s) connaissance(s). Certains ont même décidé de trottiner quelques kilomètres durant aux côtés de leur leader.
La haie de supporters donne à la couse des allures de Tour de France. L’organisation elle-même se laisse surprendre pas l’affluence : « C’est une édition exceptionnelle. Mais pas du point de vue de la performance. Nous n’avons tout simplement jamais accueilli autant de public ».
Jean-Marie Baudoin, sur la ligne d’arrivée, affiche un large sourire. Après avoir fêté son 100ème anniversaire et obtenu le bipède d’or en 2006, la doyenne des courses sur route garde toute sa spécificité.
« Nous voulons que l’épreuve soit populaire, qu’elle reste une fête sportive », rappelle le président, insistant ici sur le terme « sportive ». En effet, rappelons-le, le parcours ponctué de quelques côtes décisives exige un minimum de préparation. L’effervescence ne saurait faire totalement oublier cette réalité.
Un final sans surprise
Si l’ambiance a exalté les foules, l’issue de la course n’a quant à elle pas vraiment été une surprise. Depuis de nombreuses années, les Kenyans s’adjugent la victoire. Avec un chrono de 1h14'40, David Kisang a renouvelé ce scénario.Le Marocain Abdelkebir Lamachi, arrivé 31s après, aurait peut-être inversé la donne s’il n’avait pas été en période de Ramadan, comme il a pu le confirmer à l’arrivée. Quant au premier européen, le Belge Christian Nemeth, il décroche la 5ème position, 3mn28s après le Vainqueur.
Chez les féminines, la Kenyane Elizabeth Chelagat remporte cette édition 2008. Talonnée par ses deux concurrentes jusqu’au 21ème km, elle était tout simplement décidée à garder son titre de championne en poche.
Le drapeau Kenyan continue donc à flotter sur l’épreuve ardennaise.
A quand les régionaux à l’honneur ?
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