Presse régionale 2005

Quoi de neuf, docteur ?

L'ardennais du vendredi 23 septembre 2005 - Robert CORDELETTE.
 
A 9 jours de Sedan-Charleville, le médecin-chef du Centre médico-sportif, Patrick Millot, chargé de la surveillance médicale des 3.500 concurrents, délivre ses précieux conseils.
« L'édition 2004 a été marquée par un nombre important de malaises, tant sur le parcours qu'à l'arrivée, les conditions météorologiques et le coup de chaleur inattendu ont déshydraté le peloton, tout comme cet été en France sur d'autres courses, où il y a eu cette année trop de décès ».
 

PRÉVENTION

« Tout commence par une prévention efficace, avec un certificat médical de non contre-indication fiable : exigez un examen médical complet, avec au minimum un électrocardiogramme à partir de 40 ans, et une épreuve d'effort au-delà de 45 ans ».
 

PRÉPARATION

« La deuxième étape consiste en une préparation physique adaptée aux 24,300 km de cette course mythique au parcours difficile, surtout sur la fin, et ce n'est pas en trois semaines que cela se fait. Une alimentation des derniers jours chargée en sucres lents est par ailleurs recommandée, essentiellement à base de féculents (riz, pâtes, pommes de terre), avec une hydratation elle aussi augmentée (2 litres d'eau par jour) ».
 

COURSE

« Les ravitaillements se situent tous les 5 km. Arrêtez-vous 20 secondes pour boire calmement et vous rafraîchir, ce n'est absolument pas du temps perdu et le « diesel » se refroidira utilement. L'eau (quoi de plus naturel) peut vous aider à rendre la course plus agréable, il faut boire avant d'avoir soif, quant celle-ci apparaît, c'est trop tard, la déshydratation est déjà engagée, avec toutes ses répercussions désastreuses sur le plan fonctionnel ».
 

RÉCUPÉRATION

« La dernière étape est l'après course. Une fois la ligne franchie, un bonheur envahit tous ceux qui ont respecté quelques règles, il faut alors éviter l'immobilisme, mais au contraire marcher où trotter quelques minutes, afin d'éliminer les « déchets », à savoir l'acide lactique insidieusement accumulée dans la musculature, et éviter ainsi les crampes. Trop d'arrivants encombrent pour de simples courbatures les tentes des kinés, qui sont surtout là pour des cas plus pathologiques, comme des tendinites où des contractures graves ».


Déjà deux mille inscrits !

L'Ardennais du Mardi 27 Septembre 2005 - Robert CORDELETTE.
 

Comme chaque année à la même époque, c'est dans le hall d'honneur de l'hypermarché Cora que Jean-Marie Baudoin et son équipe ont établi leur camp de base, trois semaines avant Sedan-Charleville.
C'est tout aussi traditionnellement que le président de Courir en Ardenne rassemblait vendredi tous ceux, professionnels où bénévoles, qui œuvrent durant des semaines afin d'accueillir dignement les quelques 3.000 concurrents attendus dimanche entre la statue de Turenne et celle de Gonzague (2.000 engagés une semaine avant l'échéance).
Lors de son intervention, Jean-Marie Baudoin présentait sommairement l'édition 2005, qui devrait être une bonne cuvée, avant de fêter l'an prochain les cent ans d'existence de la grande classique ardennaise.


Faites entrer la Miss !

Point de bouleversement pour cette 85e édition, si ce n'est une animation des enfants de l'USEP, des orchestres sur toutes les communes traversées, et la présence sur la course d'Ophélie Mouchené la nouvelle miss Ardennes.
Le départ se fera comme de coutume avenue Philippoteaux à Sedan, l'arrivée au stade du Petit-Bois à Charleville-Mézières, et la réception d'honneur à l'espace Flandre, précédée du tirage au sort de la Seat, une nouvelle fois mise en jeux parmi tous les arrivants présents sur la place Ducale.


Fernand est de retour !

L'Ardennais du Mercredi 28 septembre 2005 - P.R.
 
Ahurissant ! Le porteur du dossard numéro un dans la prochaine édition de Sedan-Charleville ne sera autre que Fernand Kolbeck.
L'Alsacien domicilié à Wantzeneau, aujourd'hui licencié à l'ASL La Robertsau, fera son retour dans la grande classique ardennaise à l'âge de 61 ans et avec l'objectif, s'il vous plaît, de terminer la liaison entre les deux villes du département en un peu plus de 1h30.
La présence de Fernand rappellera bien des souvenirs aux spectateurs ardennais.
Kolbeck, recordman des victoires dans Sedan-Charleville (1970, 1971, 1972, 1979 et 1983) en sera à sa 19e participation dans l'épreuve.
Il y avait débuté en 1969 en se classant quatrième, y réalisa son meilleur chrono (1h13' 33") en 1979 avant de clore le chapitre en 1995 en terminant à la 30e place. Et, après dix ans d'intermède, le voilà de retour dans la 82e édition ! Insatiable le dinosaure du Bas-Rhin.

Kolbeck en pèlerinage

L'Ardennais du Mercredi 28 septembre 2005 - Recueilli par Cédric Goure.
 
Recordman des victoires sur Sedan-Charleville, le Strasbourgeois revient dimanche sur la classique ardennaise après dix années d'absence. Quintuple vainqueur de Sedan-Charleville (1970,71,72,79,83), Fernand Kolbeck arborera le dossard numéro 1 dimanche sur l'Avenue Philippoteaux à Sedan.
A quelques jours de célébrer son soixante-et-unième anniversaire (le 11 octobre), l'entraîneur strasbourgeois a décidé de remonter le temps d'une riche carrière, notamment couronnée de cinq titres de champion de France de marathon, 82 titres départementaux et régionaux, 18 sélections en équipe de France et de deux participations aux Jeux Olympiques (Munich 1972 et Montréal 1976).

Faites entrer l'artiste

Fernand, Sedan-Charle-ville et vous, c'est une longue histoire ?« C'est l'une des plus grandes classiques françaises ! Je regrette qu'on n'en parle pas davantage. Depuis que j'y suis venu pour la première fois en 1969, cette course me tient particulièrement à cœur. D'une part parce que j'y ai connu quelques succès, mais surtout parce qu'il existe une communion unique avec les spectateurs ».
Pourquoi avoir choisi de revenir cette année après dix ans d'absence ?
« Il y a dix ans, j'ai créé une section course à pied à l'ASL Robertsau à Strasbourg. Après avoir expliqué le succès de Sedan-Charleville à mon groupe d'entraînement, j'ai finalement convaincu vingt-cinq athlètes de m'accompagner pour partager la convivialité de l'épreuve ».
Etes-vous étonné de la longévité de votre record de victoires ?
« À notre époque, nous courions pour la gloire. Nous venions nous confronter aux nombreux Belges et Anglais qui faisaient le déplacement. Nous aimions la performance. Les années 80, les années fric, ont tout démoli. Les chasseurs de primes ont installé un esprit malsain. Les courses possèdent moins d'attrait. Seul compte l'appât du gain ».
Quelle est la singularité de la doyenne des ville à ville ?
« La communion avec le public. Grâce au relief ardennais, on ne s'ennuie jamais pendant l'épreuve. Lorsqu'il faut s'accrocher, les gens vous obligent à vous dépasser. Forte de son succès, la classique fêtera son centenaire l'année prochaine. Pour moi, cette course est devenue un pèlerinage ».
Quel est votre plus grand souvenir d'athlète ?« II en existe tellement. Sedan-Charleville ne me laisse que de bons souvenirs. Mais le bâton de maréchal de tout sportif reste certainement la première sélection pour les Jeux Olympiques ».
Justement, comment avez-vous vécu l'horreur des événements de Munich en 1972 (*) ?
« Comme tout le monde, nous ne savions pas vraiment ce qui s'était passé. Nous entendions que les Jeux seraient peut-être arrêtés. Après la cérémonie de deuil, il a été convenu que les épreuves devaient se poursuivre. Mais l'ambiance n'était plus la même. Le dernier jour, le marathon s'est disputé dans une atmosphère très froide ».
 

Objectif terminer

Qu'est-ce qui vous fait toujours courir aujourd'hui ?« La santé me permet de conserver la jeunesse. Grâce à la compagnie des jeunes que j'entraîne, je me sens bien. Avec mes occupations au club, ma retraite est bien remplie ».
Comment avez-vous préparé Sedan-Charleville ?« Je n'ai rien programmé de spécifique. Je trottine un jour sur deux avec mes athlètes. Ça me convient parfaitement. J'aide certains à se perfectionner en continuant à prendre du plaisir ».
Quelle ambition nourrirez-vous dimanche au départ?
« En voulant faire le jeune (sic), je me suis malheureusement occasionné une petite élongation. Comme j'ai une légère appréhension, mon seul objectif consistera à terminer ».
Que représente le dossard n° 1 que les organisateurs vous ont symboliquement attribué ?
« Il s'agit d'un grand honneur. Ils m'avaient déjà fait cette gentillesse il y a quelques années. C'est très touchant de leur part. Maintenant, je n'ai pas le droit de décevoir ».

(*) Le 5 septembre, huit terroristes palestiniens s'introduisirent dans le village olympique, tuèrent deux membres de l'équipe israélienne et en prirent neuf en otage. Au cours de la lutte qui s'ensuivit, les neuf otages furent assassinés, ainsi que cinq des terroristes et un policier. Les Jeux Olympiques furent suspendus et un hommage à la mémoire des disparus eut lieu dans le stade olympique. Après une pause de 34 heures, le CIO ordonna la poursuite des compétitions.

Bernard Colling un doyen dans la « doyenne »

Mercredi 28 septembre 2005 - Pascal Remy.
 
Il court, il court, Bernard Colling. Venu très tard à l'athlétisme, le licencié de la Macé (70 ans en janvier) prendra, dimanche, le départ de son 26e Sedan-Charleville au milieu d'un peloton de 3.000 concurrents.
Avec le Vouzinois André Stainmetz et son partenaire de club, Jean Oudart ; Bernard Colling, sera, dimanche, l'un des trois doyens d'âge ardennais de Sedan-Charleville.
A 69 ans, il prendra pour la 26e fois le départ du plus ancien ville à ville de l'Hexagone. Une histoire d'amour débutée le 7 octobre 1979 à 43 ans.
« Je me rappelle fort bien cette « première » car j'avais longtemps accompagné l'acteur Michel Le Royer (qui s'était taillé une jolie réputation dans le film Le Chevalier de Maison rouge). La veille, le comédien avait annoncé dans L'Ardennais que son objectif était de courir en 1h40. Et comme c'était mon tableau de marche, j'ai couru jusqu'à Dom-le-Mesnil avec lui, profitant des encouragements de la foule sur son passage. Avant de le lâcher à L'Auberge du. Cheval blanc ».
Ca ne s'invente pas ! Bernard boucla les 24 km à la 170e place en 1h41. Mission accomplie pour cet ancien chef laboratoire au Centre technique des industries de la fonderie, venu très tard à l'athlétisme.

Un sédentaire devenu très actif

« J'étais un vrai sédentaire, pas sportif pour un rond. Mon principal loisir, outre le fait de supporter le CSSA, était la pêche. Toujours le cul dans les roseaux. Mais durant mon adolescence à Dom-le-Mesnil, voir passer les Mimoun, Ameur et Adèche avaient déjà titillé mon esprit ».
In fine, pour faire disparaître une surcharge pondérale prononcée (84 kg à l'époque, 65 aujourd'hui) et pour mettre un terme aux nuisances du tabagisme, Bernard se mit à courir.
« Sur mon lieu de travail, je côtoyais Roger Germain, l'actuel directeur sportif de la Macé. Il m'a convaincu de l'utilité de faire du sport. Et j'ai signé ma première licence. vétéran en 1978 en accrochant tout de suite pour la discipline. Au fil des séances, je me suis découvert un potentiel et, depuis, je rattrape le retard en avalant les kilomètres ».
Bernard débute par un semi-marathon à Monthermé avant de participer à la majorité des courses pédestres ardennaises.
« Au fil des entraînements, je me suis découvert un potentiel pour la course à pied. Courir m'a apporté un équilibre mental. Je ne me modère pas. Au point de regretter avoir commencé si tard. Dommage d'avoir tout fait à l'envers ».
A son actif : deux qualifications au national de marathon dont une 74e place sur 232 engagés, en 1981, à Beuvrages, la ville natale de Michel Bernard, un chrono de 2h55 sur cette distance (aussi 10'26 sur 3.000m, 17'59 sur 5.000m et 36'40 sur 10.000m.), quatre présences aux interrégionaux de cross country et un titre de champion de Champagne par équipes en 1985.
Mais son moment jubilatoire, c'est Sedan-Charleville, qu'il a couru en 1h35'17 en 1983.

En métronome

« Une épreuve mythique dans laquelle je me sens bien. Je sais y doser mes efforts. Les difficultés étant concentrées en fin de course, il ne faut pas lâcher la cavalerie avant, sinon tu coinces. Seule hantise : le vent de face qui use l'organisme ».
Absent pour la première fois en un quart de siècle, la saison dernière, à cause d'un claquage à la cuisse, le Carolo a redoublé de vigilance ces derniers mois en faisant moins de fractionné.
Mais, à raison de 45 km par semaine en trois séances lors des trois derniers mois, Bernard espère réaliser, dimanche, un chrono de 2h06 (*). « Cela me comblerait ». A cet âge-là, on comprend.

(*) Bernard  a terminé 1er V4 en 2h06'53 (1797ème). Bravo !

Robert Michelot figure de Sedan-Charleville

L'Ardennais du jeudi 29 septembre 2005 - Pascal Remy.
 
12 octobre 1952 : le Parisien Hamza gagne le 32e Sedan-Charleville devant Robert Michelot (Sporting club de Mohon). La doyenne des courses françaises n'était pas encore l'apanage des coureurs africains.
L'ancien élu sedanais fut un athlète performant. Il parle avec émotion de Sedan-Charleville. Une course qu'il aurait pu s'adjuger en 1952 sans un étonnant acte de solidarité.
53 ans plus tard, l'ancien élu sedanais (18 ans de mandat), a la mémoire précise quand il évoque la course où il sacrifia la victoire en. attendant le futur lauréat.
« Victime de défaillances lors des précédentes prestations, j'étais venu pour assumer mon statut d'outsider et gagner. Avec Lebrun, retenu aux JO d'Helsinki sur 3000 m steeple, Margot et Hamza, on est sortis du peloton de 62 coureurs pour pointer en tête à Donchery ».
Jusqu'à ce qu'un incident influe sur la course : aux Ayvelles, Hamza perd une chaussure.

Pas récompensé de son fair play

« A l'époque, l'entraide n'était pas un vain mot, et oubliant de profiter des aléas de la course, je l'ai attendu. De concert, nous sommes revenus sur Lebrun mais, à Mohon, Hamza avec un pied nu m'a lâché sans demander son reste. J'étais néanmoins content de ma place sur le podium ».
En 1h23'09s, il signe le meilleur temps des Ardennais depuis la reprise de la course. En guise de récompense, « Nénette » gagna 10 pelotes de laines offertes par un grossiste carolo. « Ca m'a permis de faire le trousseau de ma fille ».
L'habitant de Fresnois avait raté l'occasion d'intégrer le cercle très fermé des douze lauréats ardennais de l'épreuve. A 83 ans, l'ex-préparateur en pharmacie se souvient avec émotion des bons moments sportifs en feuilletant des documents jaunis par les années.
Footballeur à la Macé, Robert rigole de la déroute enregistrée en 1942 contre les cheminots de Mohon guidés par Marche et Flamion (16-0 dans la musette, 8 buts par mi-temps).
Victime d'une fracture de la cheville, il se dirige dans les années 40 vers le basket et l'athlétisme.
« Vainqueur du challenge du kilomètre devant Haudecoeur et Fournier, j'ai signé une licence à la Macé en 1942 et couru avec Girault, Coupaye et Couvreur. Avec des bains de mer, des espadrilles avec des semelles en corde, on terminait les courses les pieds en sang ».

La mise en bière de 1953

Spécialiste du 1500m et monté avec succès sur 5000m (record des Ardennes en 16'02s), et sur 10000m (champion régional 1950), Michelot s'illustre aussi dans les tours de ville. A Mézières, Vouziers, Pussemange et Sedan.
« Quand on franchissait la ligne en tête, on gagnait des babioles : un lustre en bois, des saladiers. Bref, on courait pour le plaisir ».
Robert débuta dans Sedan-Charleville en 1947 à un moment où l'arrivée était jugée avant le Pont des Deux-Villes en raison des dommages de guerre. Il en fera onze autres, se classant notamment deux fois 16e.
« L'épreuve reine de la saison. On était émoustillé par la présence d'un public enthousiaste ». En 1953, Robert abandonna à Mohon devant le bistrot tenu par Roger Marche. « J'y ai bu une bière et je ne suis pas reparti ».
Depuis, Robert et son épouse n'ont jamais raté le passage d'un Sedan-Charleville. Le couple sacrifiera encore à la tradition, dimanche. « Même si les choses ont bien changé. Aujourd'hui, les coureurs sont mieux préparés et équipés. Et les routes empruntées mieux entretenues ».
Rien à voir avec l'époque héroïque des pionniers.


Raymonde Gillet dès 1950

L'Ardennais du vendredi 30 septembre 2005. Robert CORDELETTE.
 
Le temps n'est pas loin, où les marathoniens devaient protéger leurs compagnes de route, de la chasse effrénée que leur livraient des officiels purs et durs au bord de l'apoplexie.
Mais bien avant tout le monde, une Ardennaise de Mohon, Raymonde Gillet, parente du célèbre Roger Marche, a osé braver les interdits et participé dès 1950 à Sedan-Charleville. L'Ardennaise et ses 20 printemps se retrouvait, place Turenne, parmi une poignée de fiers à bras moustachus, convaincus de la rejoindre du côté de Donchery.
Partie en souriant un quart d'heure avant ces messieurs, ce n'est en fait qu'au passage à niveau de Villers-Semeuse heureusement ouvert (19km en 1h34), que le Parisien Josset, champion de France de marathon, ne revit la jupette blanche de la demoiselle.
Certes la traversée du chef-lieu fût ensuite terrible pour notre héroïne, mais c'est toujours avec le sourire qu'elle abordait la piste du Petit Bois 2h09 plus tard, devant une foule médusée et admirative, un souvenir qui reste encré dans sa mémoire.
« Ca a été super, et quelle foule, dès le pont de Torcy, j'ai dû écarter les gens pour passer, mon frère qui me suivait parmi une nuée de vélos m'informait sur mon avance, je me sentais voler, Josset m'a rejoint à Villers et m'a poussé pendant 200 Mètres, puis il est parti en me disant : à tout à l'heure, j'ai la meute aux trousses ».
 

Journalistes parisiens

« La traversée de la ville a été terrible, mais le public était formidable, les agents de ville ont dû me frayer un passage devant la gare de Charleville, et le stade était bondé.
Je n'ai jamais vu ça depuis, il y avait beaucoup plus de monde que maintenant, tout le monde m'entourait, me bousculait, des journalistes de Paris me posaient des questions et me photographiaient, j'avais 20 ans, et je n'oublierai jamais.
J'ai reçu ensuite des courriers innombrables de toute la France, surtout de grands champions, mais cela demeure mon jardin secret ».


Prêts pour le 85e Sedan-Charleville

L'Ardennais du samedi 1er octobre 2005.
 
Comme le veut la coutume, les agents de la ville qui participeront, dimanche, au 85e Sedan-Charleville, étaient reçus en mairie par les instances municipales.
C'est le premier adjoint Philippe Pailla qui les a reçus, mercredi, assisté du conseiller municipal, André Marquet, et du maire-adjoint chargé des sports, André Libron. Grâce à la collaboration de la Mutuelle Nationale Territoriale, représentée par sa présidente, Josiane Bonna, et son directeur, Jacques Dufossez, les dix-huit engagés, dont quatre féminines, se sont vu remettre un lecteur MP3 et un équipement vestimentaire, afin de porter haut, parmi les 3.000 concurrents attendus, les couleurs de la ville.
Il s'agit de Sandrine Blanchard, Claudie Sachers, Marie-Madeleine Bocquillon, Marie-Christine Lambert, Rémi Duprez, Thierry Poncelet, Michel Dichamp, Gérard Cosson, Alain Marcoux, Francis Richard, Denis Fontaine, François Fochesato, Gilbert Lagrange, Jean-Jacques Gamain, Mathieu Hernaz, Jean-Claude Boulan, Vincent Manciaux et François Thomé.
Le plus jeune d'entre eux est François Thomé (27 ans) et le plus ancien Jean-Claude Boulan (58 ans et 33 participations) ; les meilleures performances étant à mettre à l'actif d'Alain Marcoux avec 1h30'43, et de Stéphane Toury avec 1h30'47.
Notons encore que quatre sont des sociétaires de la Macérienne, deux de l'AC Charleville-Mézières et un de l'AC Bélair. Les autres ne sont pas licenciés.


Histoire vécue : Le combat d'une passionnée

L'Ardennais du samedi 1er octobre 2005 - Virginie Kiefer.
 
ELLE court, elle court depuis vingt ans. Dix-sept Sedan-Charleville au compteur. Josette Degrelle, petit brin de femme aux jambes infatigables a livré un combat contre elle-même. Contre ces imprévus du destin qui peuvent parfois contrarier une passion. Et même vous laisser pour compte.
Elle, Josette ne s'est pas découragée. Avec un moral d'acier trempé, elle n'a pas cessé d'y croire.

Tout doucement

Fanatique de course à pied, pendant des années, elle s'est postée sur des centaines de lignes de départ, en tout 488 compétitions, et exactement 26043,965 kilomètres ! Jusqu'à ce jour de l'année dernière en septembre 2004. Où à l'usine un fenwick l'a renversée.
« J'ai dû rester six mois sans rien faire, je m'étais déplacée les vertèbres », explique Josette. Avec des hématomes plein le dos, elle ne pouvait plus courir.

Josette Degrelle
Pourtant, la Revinoise à 53 ans ne s'est pas estimée « fichue » pour autant. Elle y a cru. Après les multiples séances de kiné, elle a voulu retenter la course.
« Je m'y suis mise très tranquillement, je ne pouvais pas imaginer ne plus courir. Je suis une battante, alors je ne me suis pas laissée abattre. Après les trois mois de rééducation, j'ai repris tout doucement ». En avril 2005, elle a recommencé la compétition. Elle a participé aux dix kilomètres de Charleville. « Ca va beaucoup mieux maintenant, j'ai encore des douleurs, mais elles ne me gênent pas pour courir ».
Après deux ou trois épreuves, Josette confirme que ses sensations sont revenues. Lors d'une récente course, dimanche dernier à Nouzonville, elle a même réalisé un super temps qui lui a valu une coupe et la sixième place féminine.

Fierté

« Si j'avais été affiliée à un club j'aurai pu participer au championnat de France », dit-elle fièrement.
Ce combat contre elle-même elle l'a aujourd'hui gagné, même si à regret, demain dimanche, elle ne s'alignera pas au départ du Sedan-Charleville.
« Cela me fait beaucoup de peine, quand j'y pense j'ai les larmes aux yeux, car j'aime particulièrement cette course. J'y ai participé 17 fois, il y a une super ambiance au départ comme à l'arrivée, les gens vous encouragent, tout le monde est sympa. Mais cette année, je n'aurai pas été prête. Je n'avais pas encore assez d'entraînement. Je ne cours qu'une heure, ce n'était pas suffisant. Pour souffrir ou pour marcher pendant la course ce n'est vraiment pas la peine. Chaque chose en son temps. Pour mon âge je suis fière de mes performances, j'ai vu dimanche dernier qu'il y avait encore des jeunes derrière moi ».
Mais Josette le sait bien pour en arriver là, après son accident, il a fallu qu'elle fasse preuve d'une volonté de fer et surtout d'une passion sans borne pour son sport favori.


Les Lions chaussent leurs baskets

L'Ardennais du samedi 1er octobre 2005 - D.B.
 
Il court, il court le Lions Club : dimanche, au Sedan-Charleville, ils seront pas moins de onze à porter le brassard jaune vif spécialement édité pour l'occasion par le club service.
« C'est la première fois que le club est représenté sur le parcours » soulignent Michel Laurant, président et Gino Targon qui avec plusieurs amis et sympathisants du Lions allonge les kilomètres tous les jours pour relever ce défi sportif. Christian Gauchard devait lui aussi participer mais a dû renoncer en raison d'une blessure.
Déjà bien motivé, le club a reçu un soutien plutôt sympathique : celui de Noémie Flotté qui a pu prodiguer des conseils avisés à tous ces sportifs pour bien préparer l'épreuve.

Un point d'accueil

La jeune championne qui courra dimanche le Sedan-Charleville avec l'AS Sommer vient de réaliser de nouveau une belle performance au semi-marathon de Lille et a été sélectionné pour participer avec l'équipe de France à l'Ekiden, un relais marathon qui aura lieu au Japon en novembre.
Très présent cette année sur la course, le Lions a également voulu s'impliquer dans l'accueil des participants : de nombreux bénévoles vont donc tenir un stand dans un chalet prêté par la Ville, sur la place d'Alsace ce dimanche de 10h30 à 14 heures, pour offrir des boissons et informer les coureurs sur les hôtels, restaurants et bars de la ville.
Partenaire de la vie de la cité, le Lions n'en poursuit pas moins ses actions à caractère caritatif. Le club organise ainsi le 8 octobre un grand bal à la Chambre de Commerce et d'Industrie dont les bénéfices permettront d'acheter des produits d'hygiène pour bébés pour aider les familles dans le besoin.
« L'aide alimentaire est bien pourvue grâce à la Banque Alimentaire et à L'Escale, mais les produits d'hygiène font défaut car ils sont coûteux » explique Michel Laurant.


Noémie Flotté : « Objectif 1h30 ! »

L'Ardennais du samedi 1er octobre 2005 - Recueilli par Sylvain Pohu.
 
A 25 ans, Noémie Flotté, la sociétaire de l'AS Sommer, disputera demain son premier Sedan-Charleville. Avec l'envie de bien y figurer.
 

Noémie, pourquoi ne jamais avoir disputé le Sedan-Charleville ?« Ca fait trois ans que je veux le faire. Mais, il y a deux ans, j'avais été retenu pour les championnats du monde de semi-marathon à Vilamoura au Portugal. Et l'an passé, j'étais blessée aux ischios, ce qui m'avait mise sur le flanc tout le mois de septembre ».
Cette année, c'est enfin possible ?« Il n'y a aucun souci. J'ai couru le semi-marathon de Lille (56e au scratch, 8e féminine et 4e Française en 1 h 16'10), mon objectif, et j'ai continué à m'entraîner sur la lancée. Je suis satisfaite. Je reviens à hauteur de mes chronos d'il y a deux ans (son record sur semi est de 1 h15'30) ».
Quel est votre objectif ?« Me rapprocher des 1h30' voire passer sous cette barre.
Au niveau de la place, je ne sais pas trop. Il y a beaucoup d'étrangères cette année, je crois savoir, des Kenyanes et des Russes notamment. C'est bien ! Il y a aura une belle confrontation ».

Sedan-Charleville, ça ne se loupe pas ?« C'est la course du département. J'ai toujours eu envie de la faire. Ce sera tout de même la plus longue distance que je vais courir ».
 

Au Japon fin novembre


Noémie Flotté (AS Sommer)
Le marathon, ça vous dit ?« Pas maintenant. Je vais essayer de stabiliser mes temps et chercher à progresser encore avant. Je ne suis pas encore au point au niveau de l'entraînement. Je suis mes propres plans, sans entraîneur ».
Quel est la suite de votre programme de fin d'année ?« Peut-être les 10 km de Reims, mais ce n'est pas sûr. Ensuite, j'ai été retenue en équipe de France pour l'Ekiden de Chiba au Japon (La distance d'un marathon courue en relais) à la fin du mois de novembre (course le 23 exactement). Vu que j'ai été la première éliminée dans la course aux championnats du monde de semi-marathon (qui se disputent aujourd'hui à Edmonton au Canada), c'est un peu une compensation ».


Les marathoniens de PSA à Pékin


Après New-York et Venise, l'équipe d'athlétisme de la fonderie PSA Peugeot Citroën à décidé de relever un nouveau défi : le marathon de Pékin, qui se déroulera le 16 octobre prochain, avec 30 coureurs de l'unité de production des Ayvelles à l'assaut des 42,195 km à parcourir dans la cité impériale.

Ce séjour à Pékin, qui intéressera également dix-huit accompagnateurs de l'entreprise ardennaise, débutera le 14 octobre, pour se terminer le 24 octobre à Shanghai, avec une étape à Xian. Afin de répondre aux principales interrogations liées à ce voyage, les responsables de l'agence de voyage sont venus récemment répondre aux questions des participants lors d'un sympathique buffet qui rassemblait la délégation ardennaise.
Un merveilleux voyage en perspective, deux semaines après Sedan-Charleville, dont le coût personnel a pu être allégé grâce à la générosité des partenaires de la fonderie des Ayvelles et, bien sûr, de la direction et du comité d'établissement.
Cette générosité a permis également de doter tout le groupe d'un équipement aux couleurs des partenaires qui seront ainsi fièrement représentés, tout au long du voyage au pays du Soleil Levant.
Un merveilleux voyage en perspective...


L'automne de tous les espoirs

L'Ardennais du dimanche 2 octobre 2005 - Sylvain Pohu.
 
Un an avant de fêter son centenaire, Sedan-Charleville ne dérogera pas à la règle établie il y a maintenant plus de dix ans : un coureur étranger, sûrement plus précisément africain, va inscrire son nom au palmarès de la 85e édition qui va se disputer cet après-midi avec plus de 3.000 concurrents au départ.
Le dénouement de la classique ardennaise ne fait aucun doute. Du moins pour les premières places. Comme d'habitude, les Kenyans, qui avaient réalisé un triplé l'an passé (Rerimoi, Korir, Ndiso), seront favoris pour se partager les primes (1.500 euros au vainqueur, 1.200 au deuxième et 1.000 au troisième) réservés aux meilleurs.

La pancarte pour Tum

Tout particulièrement Sammy Tum, basé à Lisbonne, en super forme en ce moment et qui vaut les 1h01' annoncées sur semi-marathon, la distance étalon à peine inférieure à celle de la plus ancienne classique ville à ville du territoire (24,3 km). Simon Karuiki, Patrick Korir (l'homonyme du Paul de 2004) et Raël Kimayo seront également à coup sûr aux avant-postes pour tenter de répéter le sacre de leurs compatriotes.
Les Marocains parviendront-ils à déjouer leurs plans, simples dans l'absolu (asphyxier d'entrée leurs adversaires) ? Essemaali (Bruxelles), Rayii (Le Cateau), Gemmai et Mesbah, abonné à la 5e place depuis quelques années, seront en nombre.

L'autre course

Alexandre Krestianinov, le pendant de Mesbah à la 4e place, sera lui aussi un adversaire à surveiller très sérieusement, même si, a priori, une « classe » sépare le Russe des athlètes des hauts plateaux, tout comme le Polonais Dryja, 7e en 2004.
« Ce sera difficile pour les meilleurs régionaux de rentrer dans les dix premiers », pronostique ainsi Jean-Marie Baudoin, président de l'association Courir en Ardenne organisatrice de l'épreuve.
Jawad Annour, Emmanuel Cordier, Louis Darly (EFSRA), Pascal Fétizon (ASPTT Châlons), Antonio Rodrigues (engagé en non licencié 08 et accompagné de son frère Victor), Kacem Abdelaziz (CA Sedan), qui semble avoir préparé sérieusement le rendez-vous (1h12'24 au semi-marathon de Lille il y a un mois) et Philippe Deville (GRAC), en phase de reprise mais dont l'expérience n'est pas à négliger, se disputeront, comme d'habitude, une course dans la course dans l'optique de décrocher la place symbolique de meilleur champ-ardennais.
Chez les féminines, Sally Jemutai, un temps annoncée comme candidate à sa propre succession, laissera finalement la route libre à ses compatriotes kenyanes Béatrice Rutto et Eunice Orwaru.
Elena Fétizon (EFSRA) et Noémie Flotté (AS Sommer), dont ce sera la première cet après-midi, devraient rester à distance alors que Tatiana Bultot, 4e il y a un an, et Laurence Fricotteaux, devenue spécialiste des 100 km, seront une nouvelle fois au départ avec la ferme intention de faire la meilleure course possible. Comme beaucoup d'autres d'ailleurs...


La mémoire du Sedan-Charleville

L'Ardennais du dimanche 2 octobre - Pascal Remy.
 
Licencié à La Macérienne depuis 1957, Roger Germain connaît sur le bout des ongles l'histoire du Sedan-Charleville. Il ne l'a pourtant jamais couru, mais seulement accompagné en vélo !
Directeur sportif de La Macé depuis 20 ans après y avoir été athlète et coach, Roger, 67 ans, n'a jamais participé à un Sedan-Charleville. « Coureur de 400 m haies, je n'avais pas le fond nécessaire pour endurer cette épreuve ». Un comble pour celui qui est la mémoire de la doyenne hexagonale.
En 1977, en fouillant dans les archives de La Macérienne, qui s'apprêtait à fêter son centenaire, l'idée lui est venue de refaire l'historique de Sedan-Charleville.
« Durant six ans, j'ai passé tous les jours d'août au siège de L'Ardennais. Sedan-Charleville, c'était un pan de ma jeunesse. A Villers-Semeuse, j'ai vu passer les Mimoun, Ameur, Puttemans, Roelands et Lismont. Une sacrée guirlande de célébrités. J'ai voulu retracer ces événements sur le papier ».
 

Contre la montre

Sur le sujet, Roger est intarissable. Il connaît palmarès, records et anecdotes.
Début de la saga, le 30 septembre 1906. La première édition, organisée par Le Petit Ardennais, relie les deux agences du quotidien. Elle est réservée aux Ardennais qui s'acquittent d'un droit d'inscription d'un franc. 50 francs sont versés au vainqueur, Lucien Daix, qui devance 40 athlètes.
En 1909 et 1910, changement de formule. Sedan-Charleville se court en contre la montre individuel. En l'espace de 2 ans, 13 concurrents se présentent dans l'exercice solitaire durant 12 dimanches, entre le 16 octobre et le 31 décembre.
En 1911, retour à la normale avec la victoire d'un militaire du 91e, Louis Leroux. « En 1912, on n'a pu départager Daix (32 ans) et celui qu'il forma au Racing Club Sedanais, Husson. Ils terminent main dans la main devant 2.000 personnes ».
Autre course au caractère particulier, celle de 1919. « Bizarrement, cette édition bouclée par 8 athlètes ne figurait pas dans les annales. J'ai sorti des oubliettes le succès de Daix ». Très populaire, ce livreur de journaux reste, avec cinq titres, l'éternel recordman local de victoires dans Sedan-Charleville.
L'engouement populaire suscité par la course oblige plusieurs fois les organisateurs à avancer l'arrivée au Pont des deux villes. Sedan-Charleville, c'est aussi quelques drames.
« Celui du Tore Warin qui, en 1920, compte quatre minutes d'avance à Mohon avant d'être contraint à l'abandon par un malaise. En 1932, un incident prive Tassot de la victoire. En tête avec Arnold, il est renversé par un cycliste. Enfin, Jazy, trahi par les crampes en 1970, arrête à Dom-le-Mesnil, entre deux haies de spectateurs qui n'ont d'yeux que pour lui ».
 

Une véritable histoire d'amour pour Sedan-Charleville
 
  • 6 mars 1938 : naissance à Attigny.
  • 1957 : signe sa première licence à La Macérienne.
  • 1965 : participe... à vélo à son premier Sedan-Charleville.
  • De 1965 à 1967 : champion des Ardennes du 400m haies, 110m
    haies et 3.000 m steeple.
  • 1972 : devient chef chronométreur national.
La première arrivée au stade du Petit-Bois date de 1948. Josset (US Métro) l'emporte sur la cendrée carolo. « Fait rarissime, l'endroit fut le cadre d'un sprint au coude à coude, en 1977, entre Schoofs, Kolbeck et Taylor ».
Le succès s'amplifie. « Après l'ouverture de la course, en 1908, aux athlètes de l'Aisne, la Marne et la Meuse, le nombre d'engagés fait encore des bonds avec l'ouverture, en 1983, aux non-licenciés : 512 en 1982, 1221 en 1985, 2.169 en 1991 et 3.252 en 2003 ».
 

Raymonde la franc-tireuse

A partir de 1975, les féminines sont conviées au sein du peloton. Quatre sont au départ. L'Arrageoise Danièle Brouart (201e en 1h46'20s) inaugure le palmarès. Corinne Gérard reste la seule Ardennaise à avoir gagné, en 1989 et 1990. Meilleur chrono de ces dames : 1h25'38s pour Chantai Langlace.
Mais c'est une Mohonnaise de 19 ans, Raymonde Gillet, qui, en 1950, fut la première femme à finir Sedan-Charleville. Le règlement lui interdisant la course, Raymonde part, donc, une demi-heure avant tout le monde, met 1h34' pour rallier Villers-Semeuse et couvre le reste de la distance en 35'.
Autre Ardennais à s'être mis en valeur : Raymond Janssen, gagnant en 1958. Le postier carolo est le dernier « autochtone » à figurer au palmarès après Daix (1906,1908,1909,1912,1919), Legouy (1923, 1924), Dannel (1934, 1935), Dautun (1013, 1922), Soler (1907), Loupot (1910), Leroux (1911), Husson (1912), Bonnafous (1920), Warin ( 1921 ) et Leclerc (1926).
L'athlète qui a le plus impressionné Roger est le Belge Rick Schoofs, quadruple vainqueur et recordman de l'épreuve en 1h11'19s. « Un des rares vainqueurs à avoir relégué son dauphin à plus de deux minutes ! ».


Tum, un « temps » d'automne

L'Ardennais du lundi 3 octobre 2005 - Sylvain Pohu.
 
Des chronos moyens, sous un ciel mitigé. Les Kenyans ont tenu leur rôle de favoris du 85ème Sedan-Charleville. 3.021 concurrents ont rallié le stade du Petit-Bois.
 

Le nom du Kenyan Julius Ondieki, vainqueur de la doyenne française des classiques de ville à ville sur sa configuration actuelle (24,3 km) en 1998 et ses 1h11'46 resteront pour une année supplémentaire, au moins, la meilleure marque de l'épreuve ardennaise.
Le vainqueur de la 85e édition en est resté loin, très loin même. Le Kenyan Sammy Tum a effectivement franchi la ligne d'arrivée en 1h16'02 seulement et il faut remonter plusieurs décennies pour avoir trace d'un lauréat dans un tel chrono.
 

Darly s'accroche

Pourtant, malgré un vent défavorable (comme souvent sur ce parcours), les conditions météos étaient plutôt favorables. Le Russe Alexandre Krestianinov tentait un coup de poker d'entrée en prenant la poudre d'escampette d'entrée (3'08 au 1er km) mais il était très vite repris par dix hommes, les Kenyans Tum, Kemboi, Koinange, les Marocains Rafii, Mesbah, Essemaali, Gemmai et Lahmiza, le Polonais Mazerski et le Rémois Darly qui avait décidé de s'accrocher à leurs basques.
Derrière, le groupe des meilleurs régionaux (avec notamment Grégoire, Cordier, Annour, Deville et les frères Rodrigues) s'était formé sous l'impulsion du Sedanais Abdelaziz. Les temps de passage du peloton de tête n'étaient pas fameux (25'40 au 8e km, 32'02 au 10e) alors que les premières féminines (Elena Fétizon et Noémie Flotté flanquées des Kenyanes Béatrice Rutto et Raël Kimayo) passaient elles aussi groupés à Dom-le-Mesnil (36' pile au 10e km).
Un peu plus tard, le groupe des fuyards se scindait en deux : Mazerski, Mesbah, Krestianinov, Essemaali et Darly accusaient le coup. Gemmai les suivait dans la foulée. Ils n'étaient donc plus que quatre à se disputer la victoire : trois Kenyans (Tum, Kemboi et Koinange) et un Marocain (Rafii), semble-t-il à l'aise, qui revenaient sur des bases de 3 minutes au kilo quelque temps.

Noémie Flotté et Antonio Rodrigues
premiers ardennais

« J'ai souffert dans les deux derniers kilomètres. Je ne me sentais pas bien. Mais, je me suis accroché. Tum a violemment accéléré au 22e. J'ai essayé de soutenir le rythme mais il a mis une deuxième secousse. Là, j'ai préféré conserver mon train. J'avais confiance en mon finish », avouait Rafii qui déposait effectivement Kemboi sur la piste du stade du Petit-Bois.

Elena devant Noémie

Moins de quatre minutes plus tard, Louis Darly (1 h 19'43) terminait premier Champardennais devant un autre Rémois, Emmanuel Cordier (1 h 21'15), le premier Ardennais étant Antonio Rodrigues (1 h 22'12) juste devant Philippe Deville (1h22'24).
Du côté des féminines, la Kenyane Béatrice Rutto, partie au 14e kilomètre, devançait Elena Fétizon d'à peine 1'30 (1 h 26'40 contre 1 h 28'04) et Noémie Flotté de plus de 2'30 (1 h 29'23). Deux Champardennaises satisfaites de leur course, la Rémoise prenant sa revanche sur l'Ardennaise après deux « défaites » de suite (France de semi-marathon et semi-marathon de Lille il y a un mois).


Les Flotté sur le même bateau

L'Ardennais du lundi 3 octobre 2005 - Jean-Pierre Prault.
 
Chez les Flotté, il y a les accros de l'athlé (Jacky le père, Reynald et Noémie ses enfants), la maman, Sylvie, « plutôt spectatrice » et les autres, Anthony et Fabian « auxquels il ne faut pas demander de courir ».
Hier, les frangins réfractaires ont fait une exception : ils sont allés au départ de Sedan-Charleville pour soutenir Noémie, « novice »de cette édition 2005 : « On était étonnés de les voir ! ».
 

Le frère poisson-pilote

Sur le bitume, Reynald a joué les « poisson-pilote », autant que sa forme du moment lui a permis. Soit durant dix kilomètres : « On devait faire 10 km ensemble. Si ça allait, il partait », confiait Noémie.
En fait de partir, le grand frère (26 ans) a coincé, victime d'une hypoglycémie, pour finir 253e, 12 minutes derrière Noémie, et dix rangs devant Jacky, perturbé, lui, par des extra-systoles.
« Reynald vaut 1h12' sur semi mais il a été malade et vient de terminer ses études d'ingénieur. Il a donc eu du mal à s'entraîner », expliquait Noémie, solidaire et très complice.
Entre l'athlé et les études, Reynald a fait un choix. Qui n'est pas le même que Noémie, la surdouée du clan, conviée fin novembre à participer sous le maillot tricolore à l'Ekiden (relais-marathon) du Japon : « Je suis allée à la Fac mais ce n'est pas évident de concilier les deux. Il faudrait que les gens comprennent que l'on est aussi athlète de haut-niveau ».
« J'ai été malade et en ce moment, tout se bouscule un peu pour moi », soulignait Reynald, qui a fini « au ralenti » avec des amis ce Sedan-Charleville rondement entamé aux côtés de Noémie.
Des Flotté, entre Sommer (AS) et son père, la petite sœur était de loin la plus rayonnante, hier, dans le sas d'arrivée. « Je suis un peu étonnée. J'ai pris un petit coup au mental au 15e km et j'ai eu un peu mal au ventre mais je finis très bien ».
Noémie (3e féminine en 1h29'23) s'est un peu étonnée, comme elle a agréablement surpris Elena Fétizon (2e), venue spontanément la féliciter.

La maman taxi

« Déjà, c'était long et j'étais un peu jeune. Mais je voulais la faire ». Sa première sur Sedan-Charleville fera date pour Noémie. Moins pour sa mère Sylvie, chargée de jouer les taxis au Petit-Bois : « Elle nous attend près de l'arrivée pour nous ramener. Elle est déçue de n'avoir rien vu de la course ».
Jacky l'a vue cette course. Mais de derrière, en retrait du duo formé durant dix kilomètres par Noémie et Reynald : « Quand le départ est donné, je ne peux pas m'occuper de mon père. Il est quand même vétéran 2 maintenant ».
Certes « à la rue » hier, Jacky restera celui qui a inoculé le virus : « Si nous sommes venus à l'athlé, c'est grâce à lui. Il a pratiqué le ski nautique mais il s'est blessé. Il courait déjà un peu mais la passion lui est venue en faisant de la rééducation ».


Louis d'attaque !

L'Ardennais du lundi 3 octobre 2005 - J.-P.P.
 
Louis Darly est adepte du « ça passe et ça casse ». Dans l'exercice, le Rémois a tenu près de 15 km, hier, dans les foulées kenyanes et marocaines, pour finir 10e et premier régional.
« J'ai commencé à décrocher au 16e km et j'ai récupéré jusqu'au 18e. Je voulais confirmer le temps réussi à Tinqueux (1 h 07'27). Tout ça dans le cadre de la préparation du semi de Reims qui est plus roulant ».
« Aujourd'hui, la chaussée était glissante et on faisait un peu du surplace. Je préfère quand le temps est sec. Là, j'ai dû faire attention ».
1 h 19' 43 en 2005 contre 1 h 20 pour sa deuxième participation et 1 h 22 pour son coup d'essai : entre Sedan et Charleville, la progression est quasi mathématique.
S'accrocher le plus longtemps possible, puis géré. Louis Darly apprend à repousser ses limites, au meilleur poste d'observation, avec les meilleurs (un groupe de dix, hier).
« C'est toujours bien de courir devant pour savoir comment ça se passe, comment les plus forts gèrent leur course. Ca permet de voir aussi ce qu'il nous manque ».
 


Louis Darly - 1er Régional

Jusqu'au 19e km à Reims ?

La méthode est celle d'un athlète qui s'entraîne lui-même. Et qui n'a repris la compétition que la saison dernière, après un break de trois ans pour des questions professionnelles. « Je prépare un diplôme universitaire du 2e degré en droit privé ».
A Reims, le licencié de l'EFSRA espère aller un peu loin encore. Fort de ce travail de fond et des leçons ardennaises. « Peut-être que cette fois, j'irai jusqu'au 19e km ? C'est la fraîcheur qui fait la différence. Devant, ils assurent le train et poussent des pointes pour te mettre dans le rouge. Ils épuisent nos réserves ».


Soudain, la clameur...

L'Ardennais du lundi 3 octobre 2005 - Cédric Goure.
 
Depuis l'Avenue Philippoteaux, le stade du Petit-Bois n'est encore qu'une ambition.
Voire une illusion. Trois cents mètres d'extase après vingt-quatre kilomètres de souffrance. Ici, on pénètre dans l'arène comme on se prosterne devant un édifice religieux. Humblement.

« L'entrée dans le stade se vit comme une délivrance. A cet instant, l'émotion est comparable à celle de l'arrivée dans un stade olympique. Mais on redevient Monsieur tout-le-monde », raconte Fernand Kolbeck, recordman des succès.
Charleville n'est ni Munich ni Montréal. La flamme n'est pas olympique. Mais elle brûle dans le cœur d'un public fidèle à tout jamais. « Je n'ai jamais vu une si belle course. Les encouragements donnent des ailes tout au long du parcours », s'extasie Eléna Fétizon
Inaugurée lors de l'arrivée du Tour de France en 1927, l'enceinte carolomacérienne se remplit invariablement chaque premier dimanche d'octobre. Depuis 1948, les Ardennais vont au Petit-Bois comme les Nordistes au Vélodrome de Roubaix un après-midi de printemps pavé d'embûches.

Le poids de la tradition

« Savoir qu'on est attendu est très stimulant. Les trois quarts de ce tour de piste me font toujours dresser les poils. Quelle impression de bonheur ! », confie Philippe Deville.
Soudain, la clameur. Patrick Weil se souviendra longtemps de sa première participation. Président de l'ASL Robertsau, le Strasbourgeois a accompagné Fernand Kolbeck, partageant l'ovation réservée au quintuple vainqueur de l'épreuve.
« La convivialité que j'ai trouvée me rappelle le marathon de New-York. Les spectateurs sont massés dans des petits villages au milieu de nulle part. On sent le poids de la tradition ».
Avec ses pylônes hors du temps, ses peintures défraîchies et sa pelouse portant les stigmates du derby de football de la veille, le stade du Petit-Bois n'a pas d'âge. La doyenne des ville à ville française, son enfant chérie, est presque centenaire. Un mariage d'amour, dont on célèbrera les noces de diamant en 2007.


La moye malgré les draches

L'Ardennais du lundi 3 octobre 2005 - Philippe Mellet.
 
Sedan-Charleville ou le miracle permanent. Un orage à midi, de bonnes averses ensuite. Mais le ciel s'est éclairci à temps pour que s'égrène sur 24 km la file colorée des champions et des anonymes.
« Ce fut un de mes premiers contacts avec le patois. J'étais gosse.
Jusqu'alors, il n'y a que certains dimanches de fête chez mes grands-parents, à Givonne, que j'entendais parfois mon père utiliser de drôles de mots pour singer des personnalités du village.
Mais j'ignorais qu'on pouvait aussi parler cette langue dans la rue.
Bref, c'était Sedan-Charleville, j'avais dix ans, et j'étais posté avenue de la Marne, près d'une station-service. Et soudain, une dame très distinguée tira son mari par la manche : « Ben regarde donc, Henri, regarde cette moye (*) ».
Depuis, j'ai vécu une trentaine d'autres Sedan-Charleville. Comme spectateur, comme journaliste, comme supporter quand mon frère ou ma sœur firent le pari de le courir.
Ce qu'ils réussirent, d'ailleurs. Une trentaine de Sedan-Charleville, et à chaque fois, j'ai cette phrase qui me revient en boucle : « Regarde cette moye ». Je ne sais pas si cette brave Sedanaise parlait des coureurs ou des supporters, ou bien de l'ensemble.
Quand on est au bord de la route, on a l'impression que jamais ça va s'arrêter, qu'ils vont défiler un à un pendant tout l'après-midi, et peut-être même une partie de la nuit, des petits, des grands, des athlètes à l'allure impeccable et d'autres qu'on voit comme ramer et se débattre dans un nuage invisible, on en voit qui sourient, qui grimacent, on en voit qui arborent un maillot tiré à quatre épingles que leur club a fait floquer tout exprès, et d'autres dont on dirait qu'ils ont enfilé ce qui leur tombait sous la main.
Une moye colorée, une moye portée par les applaudissements et les encouragements que de chaleureuses voix martèlent familièrement : « Vas-y Alain, vas-y, accroche ! »
 

Et soudain, j'ai eu peur

Hier, pour la première fois, j'ai cru que le rêve allait tourner au cauchemar. Quand à Charleville, vers les une heure, une heure et quart, des coups de tonnerre ont accompagné des trombes d'eau. Le ciel qui tombait.
« Des draches » comme on dit en patois.
J'ai eu peur qu'elles aient raison de la moye, qu'elles la dispersent « façon puzzle », que dans les villages et en ville, pour une fois, les Ardennais préfèrent rester calfeutrés dans le salon.
Et puis, miracle.
Le ciel s'est gentiment éclairci.
Une parenthèse de soleil.
J'ai eu droit à mon rêve d'enfant.
De Sedan à Charleville, la moye s'est encore fait la belle ».

(*) Littéralement : la foule. On peut écrire aussi la « mauye ». C'est l'avantage du patois que d'avoir l'orthographe libertaire. Les ouvrages de référence ne manquent pas. Voir « Mon patois ardennais en 12 leçons » de Gérard Avril (Éditions de la Société des écrivains ardennais), et, plus récemment et surtout beaucoup moins politiquement correct, le drôlissime « Petit précis du patois ardennais » de Philippe Richard et Gilles Macagno (éditions Traverses).

Les handisports aussi

L'Ardennais du vendredi 7 octobre 2005 - Robert CORDELETTE.
 

Deux catégories bien distinctes figuraient au départ : l'une homologuée par la Fédération handisport et l'autre considérée comme cyclo par les instances dirigeantes.

Les handisports ont dû apprécier

Dans un souci d'améliorer les conditions de participation des handicapés à la course, les organisateurs de Courir en Ardenne avaient prévu cette année un véhicule adapté du GIHP 08 chargé de suivre la course, des toilettes et des vestiaires au départ et à l'arrivée, ainsi qu'un autre véhicule susceptible de les convoyer du stade du Petit-Bois au centre de réadaptation de Warnécourt pour prendre une douche et récupérer.
 
Handisport :  1. Frédéric Henoux 1 h 25'47 ;
  2. Grégory Forster 1 h 52'35 ;
  3. Bernard Lesire 2 h 42'17.
Handbike :
 
1. Régis Noël 1 h 02'48 ;
  2. Francis Chaumont 1 h 08'40 ;
  3. Christophe Marchal 1 h 09'15 ;
  4. Luc François 1 h 13'11 ;
  5. Régis Lalouette 1 h 15'36.

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